La Foi que je n’ai pas
Il y a des matins ou je me lève en pensant à des gens qui me sont très chers et qui sont loin…des amis, des gens qui m’ont écouté, soutenue, des gens avec qui j’ai partagé bien des bonheurs, fous rires, et autre…Ces gens que j’aime beaucoup, je ne partage pas toujours leurs opinions et leurs… convictions. Pourtant, je les porte dans mon cœur, je les respecte, et en admire une grande partie. Je les trouve très sensés, et perspicaces, et réfléchis sur un tas de sujets comme actualité, politique, environnement, psychologie, mais il est un sujet ou le bas blesse. Alors, je m’interroge.
Je ne vous parle que de chrétiens. Je ne connais pas de juifs, ou musulmans croyants pratiquants. Dommage d’ailleurs, je me ferai une meilleure idée de la chose en général. Non pas que je ne comprenne pas la croyance catholique, mais plutôt que je ne comprend aucune croyance irrationnelle à mon sens. Hou la Val tu t’embarques sur un sujet sensible, la !
Bien sur j’ai été baptisée. Evidement c’était contre mon gré, on ne demande pas son avis à une petite personne qui ne sait pas encore parler. Je suis allée au catéchisme et j’ai fait mes deux communions. Oui, oui là je savais parler et avais, je crois me rappeler, assez de caractère déjà pour m’opposer. Mais j’étais plus que volontaire et assidue au catéchisme, pour tout vous dire. Par contre, je vous mentirai si je vous disais que comme beaucoup j’avais la Foi et que je l’ai perdue suite à un drame, à une forte injustice, ou tout simplement parce que le fait de penser qu’un Dieu pouvait laisser des guerres atroces avoir lieu . Non, je me souviens que déjà, alors que je me rendais de mon plein gré chaque mercredi à mon cours d’éducation religieuse, je n’avais pas la Foi.
Pourquoi j’y allais ? Pourquoi j’y prenais plaisir, même ? J’ose à peine l’avouer pour ne pas heurter de fervents croyants. C’est simple, j’engloutissais, en lectrice assidue que j’étais déjà, les textes d’évangile car je les aimais. Non, mes lectures évangéliques ne nourrissaient pas ma Foi mais mon esprit vagabond et friand de récits. Pour moi, il s’agissait d’une sorte de roman historique, un peu romanesque. Vous savez, comme les Ramsés de Christian Jacq. On les lit et on sait que la bataille de Kadesh a bien eu lieu, mais on les dévore en sachant aussi que l’auteur a pris soin d’enjoliver et d’embellir. Le met ne nous ai pas servi cru mais bien rôti et assaisonné (J’ai chipé la formule quelques part, moi !).
Et puis, il n’y avait pas que ça. Moi, le croyant réactionnaire d’un autre temps, prônant les valeurs morales les plus rigides, je le l’ai que rarement rencontré. Les chrétiens que j’ai connu et ceux aussi qui font encore partie de mon environnement proche sont tout le contraire : des gens de gauche, ouverts au dialogue, des gens qui donnent de leur personne pour embellir le monde à leur échelle, pour donner un peu de gaieté aux autres…Je me fous un peu de savoir si c’est seulement parce que ce commandement « tu aimeras ton prochain comme toi même » résonne très fort dans leur tête (je pense que oui car si l’homme était naturellement bon ça se saurait). Toujours est il que j’ai toujours trouvé beaucoup d’humanité dans les âmes chrétiennes. Je me demande même parfois si la religion n’a pas été inventée, tout comme la morale d’ailleurs, pour que l’homme, foncièrement mauvais, se différencie de l’animal. (Valérie pense à des trucs absurdes parfois quand son esprit s’égare).
Les croyants que je connais sont bien meilleurs que moi, bien plus sages, bien plus généreux…Ils sont aussi très vifs d’esprit. Seulement, parfois, je pense qu’une partie de leur cerveau m’est inconnue. Je n’arrive pas, si ce n’est à comprendre, mais du moins à m’imaginer par quel cheminement mental ils croient, ils croient fort, ils croient très fort, il croient envers et contre tout, il croient, si j’ose dire.. en dépit du bon sens (du moins de mon bon sens à moi).
Pourtant, je crois en beaucoup de choses, moi aussi, mais pas en Dieu. Je crois au bing bang, je crois en la science, je crois en l’avenir, je crois en mes enfants, je crois au pouvoir des mots, au bien fondé de la psychanalyse, je crois en la justice (si un peu !) , je crois aux théories de Freud, , je crois en celle de Dolto…En Dieu, non, j’y arrive pas !
Est ce que j’ai l’esprit tordu ? Est ce que je suis trop terre à terre ? Est ce que le divin est tellement divin qu’il m’est inaccessible ? Non ! Je pense que nous sommes nés poussières, que nous ne sommes que des animaux dotés d’un cerveau plus perfectionné (enfin pas tout le monde), dont on se sert à bon, mais surtout à mauvais escient. Ben oui, moi je ne suis pas toujours romantique. Je crois que l’homme est naturellement mauvais, et qu’il lutte contre ses instincts premiers chaque jour. Il a inventé des lois, la morale, la religion même, pour l’épauler dans cette quête de la bonté de l’âme. Bien sur, un tas d’autres facteurs l’empêche de glisser la pente malheureuse de l’animalité et de la cruauté : l’amour, sa conscience, le bon sens, la capacité à ressentir d’une certaine manière la souffrance d’autrui….
Les chrétiens n’ont pas peur de la mort. Je me suis surprise un jour à demander à une sœur pourquoi alors elle avait pleuré quand on lui avait annoncé la mort d’un amis ? Elle m’a répondu qu’elle avait pleuré non parce qu’il était décédé, mais pour la douleur, la détresses, et la tristesse de ses proches qui lui survivent et qui devront apprendre à vivre sans lui. La réponse, il est vrai, m’a satisfaite. La personne ne s’est pas contredite.
Moi, qui ne crois pas, j’ai peur de la mort. Pour moi, ce n’est ni plus ni moins que de retourner à l’état de poussière. Pas de paradis dans ma tête. La mort, c’est un cœur qui s’arrête définitivement de battre et un corps qui commence le processus de dégradation qui le fera redevenir poussière. C’est dur non ? C’est monstrueux même. Finalement, en ne voulant pas croire, je me fait du mal… La religion, c’est certainement une béquille, et le dénie de ce que sera notre propre mort. Parfois, j’aimerai bien qu’on me la prête, cette foutue béquille !
Alors ? Ben pour un chrétien (pour ceux que je connais), le passage sur terre permet d’accomplir une mission sacrée… celle certainement d’être un bon croyant, de pardonner, de respecter, de partager, d’aimer son prochain infiniment.
Pour moi, le passage sur terre n’est pas un cadeau divin. Dés notre conception, la lutte est de rigueur. C’est la loi de la jungle déjà. Seul le spermatozoïde le plus rapide et le plus rigoureux sera vainqueur. Le ton est donné. L’humain, que la cruelle loi de la nature n’aura pas éliminé dés le premier berceau, naîtra et devra lutter. Il tentera tant bien que mal d’être heureux et épanoui, et le destin fera le reste. Il devra, en son âme et conscience, faire ce qu’il croit être le mieux. Faut pas rêver. Pour moi, on est toujours seuls, enfin presque… Je pense qu’on aime en réalité pas tant que ça son prochain, et le désir est grand de l’écraser.
Parfois, je pense qu’un être humain n’aime que sa progéniture et ses géniteurs (et encore, pas toujours). Le cruel dilemme de la vie n’est pas de croire ou ne pas croire, mais plutôt un duel instinct/morale, ou encore bestialité, cruauté/conscience, prise de conscience de la souffrance de l’autre. Tentation d’écraser son prochain /lutte contre cette envie pour ne pas lui infliger de supplices qu’on ne supporterait pas nous même ?
Bon, avec toutes ces bêtises, moi j’ai mal à la tête ! J’ai parfois l’impression d’avoir un cerveau dérangé, vous trouvez pas ?
Rajout à 15h
Aprés avoir laché ce mauvais billet, j'y ai encore réfélchi en faisant tourner une machine. Résultat: c'est pas bon de réfléchir en faisant tourner une machine, jugez plutôt:
J'ai dit que parfois il m'arrivait de penser qu'on n'aimait que ses géniteurs et sa progéniture. Je réctifie. Et si on aimait personne mise à part notre propre personne?
Et si on se sentait proches uniquement de ses parents car ils nous ont épaulés, sécurisés, protégés durant les premieres années de notre vie, et qu'on recherchait encore cette sur-protection, pauvres adultes seuls que nous sommes?
Et si on aimait ses enfants simplement parce qu'il sont un peu une extension de nous mêmes? Parce qu'ils nous progetent le meilleur de notre personne? de ce qu'on a su/pu réaliser?
Et si on aimait son conjoint, non seulement parce qu'il est lui aussi une épaule et une oreille, un soutiens, un compagnon dans notre solitude, mais aussi et surtout parce que le fait d'être aimé, désiré de quelqu'un de mieux que nous (ben oui on est amoureux alors l'autre est mieux) nous valorisait?
Arf, aller retourne à tes occupations Val car si tu réfléchis encore à des trucs sordides Dieu sait ce qu'il va se passer...
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