Pas endormie
La maison est endormie, et moi je ne trouve pas le sommeil. Tout le monde dort à poings fermés, et moi je suis en insomnie.
Mon pauvre chéri dort, il l’a bien mérité. Une bonne nuit de sommeil pour se remettre un peu …juste un peu.
Demain matin je ne le réveillerai pas, faut qu’il s’apaise avant l’orage. Gabriel ira à l’école.
Nous partons demain après déjeuner. J’appréhende déjà.
Quatre heures de silence dans la voiture, de ces silences pesants que l’on voudrait briser.
Puis des embrassades de convenance, des sourires de façade, des larmes contenues le temps d’échanger quelques mots plats.
Cette fois, les discussions des adultes attablés ne couvrirons pas les rires des petits.
Demain soir, le cœur n’y sera pas.
Le week-end sera certainement plus pénible encore. Le reste de la famille arrivera. Une famille entière réunie autour d’une grand-maman affligée. Les rires des enfants seront peut-être même pesants…
Et lundi…
Je vais le détester, ce lundi !
Offrir ses larmes les plus chaudes à un curé qui te dit d’un ton grave que Dieu l’a rappelé, il y a rien de plus ...
Chéri aussi trouve ça …
Sûrement que je ne resterai pas dans cette grande maison les journées durant. Sûrement que j’irai me promener. Sûrement que je ferai des sauts, avec les enfants, chez des amis, dans ma famille à moi. Grand-maman aura besoin de repos, de calme, d’un peu de sérénité. Les enfants, c’est bruyant. Sûrement que moi aussi j’aurai besoin de respirer…
Du tact et un peu de discrétion.
M’effacer un tout petit peu pour le laisser partager son chagrin avec ses proches parents…
Ps : un billet que j’avais prévu pour aujourd’hui va paraître en fin de journée…il est dérisoire, maintenant, compte tenu des événements, mais bon…