Ne me jetez pas la pierre…
Non, ça c’est pas mon billet, c’est juste une petite citation de saison. Certaines bêtises de ce genre m’amusent beaucoup, je dois le reconnaître.
Hier soir, comme chaque année à cette époque, après le coucher des enfants, nous avons été réquisitionnés par le Père Noël, Papounet et moi.
Il est bien gentil, Papa Noël, d’être si généreux, mais en réalité, il se repose beaucoup sur les autres. Et ici, les autres, ce sont Emmanuel et Valérie.
Papa noël, une fois l’année, offre des cadeaux qu’il dépose sous le sapin. Il faut toutefois reconnaître que sans notre aide, rien ne serait possible. Pour le financement, le transport, le choix, l’enveloppage et la mise en place des paquets, nous lui sommes d’une aide précieuse, nous les parents, voire indispensable.
C’est dit ! Ah, elle est belle, la magie de Noël, hein ?
Hier soir, donc, notre participation était requise pour la partie cruciale qui est, chez nous, l’emballage des cadeaux. Pour ma part, c’est la plus critique. Payer les cadeau ? Bof, on a prévu dés la rentrée. Choisir ? Moi, j’adore. D’ailleurs, j’y vais seule. Manu ne s’y intéresse guère. Les transporter incognito jusque dans le Perche ? ça le regarde ! Mais emballer… ça, c’est délicat !
Non pas parce que je ne sais pas emballer un paquet (c’est vrai aussi), mais Manu s’en charge. Pour vous dire, je ne sais même pas empaqueter un cadeau bien carré. Si, si ! Mais enfin, c’est pas grave, ça…
Le moment de l’enveloppage des trésors est périlleux pour moi car c’est à ce moment précis (et pas avant, parce qu’il s’en moque pas mal) que mon cher et tendre découvre les cadeaux. Chaque année, c’est pareil. On se décide (enfin) à emballer les présents, soigneusement cachés. Je lui emmène tous les paquets et lui pose tout sur la table, et là, il réalise à quel point il n’aurait pas dû me laisser aller les acheter seule.
Non pas qu’il ne soit pas d’accord avec mes choix (de toute façon, on sait bien que les enfants aiment tout !), mais plutôt avec mes abus.
- Ben.. heu.. oui… mais tu sais, il y a beaucoup de broutilles..
- Il y en a pour un régiment (regard réprobateur de rigueur)
- Non, non ! Détrompe toi, c’est qu’il y a beaucoup d’enfants…
- Je veux des noms ! J’attend !
- Neveux, nièces, filleuls, petits cousins, enfants des copains…tu le sais bien !
- Ok !
- Tu me crois ?
- Non !
- Et tu ne dis rien ?
- On emballe tous ces cadeaux là, je me ferai une meilleure idée de ce que tu as pris pour les nôtres.
- T’es sûr qu’on doit faire comme ça ?
- Je préfère m’évanouir ici que le matin du 25, devant les enfants.
- Comme tu voudras…
Petits cadeaux emballés.
Restent douze cadeaux. Douze ?
- Chéri d’amour, ils sont quatre !
Margot, Gaby, Jules, Elisa.
Nos enfants et ceux de ta sœur siamoise. (comment ça, elle ne peut pas être siamoise, puisqu’elle vit dans l’Orne ? Ah bon ! Je croyais…).
Ça fait pas énorme, en fait, à quatre…
- Sœur siamoise en fait autant. Mamie est plus sage en nombre, mais pas en ce qui concerne le contenu du paquet. Et puis, les cousins, les mémés, les tontons, les tatas, les copains… Combien vont-ils en avoir ?
- Mais…
- L’an dernier je me suis déjà un peu fâché, notamment pour l’histoire de la Barbie noire* et tu as recommencé !
- Tu sais bien…
- Je sais, mais pff…
Je sais à quoi vous pensez ! Maudite société de consommation, contre laquelle il faut se battre, et cracher à la figure des publicités et autres catalogues et figurines qui coûtent très cher ! Je vous lis, chez vous, pester contre tout ça, surtout en ces périodes de fêtes.
Ne me jetez pas la pierre…
Je vous lis expliquer qu’à vos Noël d’enfants, vous n’aviez pas tout ça, mais que vous étiez heureux…
Oui, mais moi, NON !
Je n’avais pas tout ça, et moi, ça me rendait malheureuse. Chéri ne comprend pas. Ses Noël étaient jolis. Les miens ? Il y en a eu, mais avant mes six ou sept ans. Après…
Je me souviens de ces jouets que je regardais dans les catalogues. J’espérais en avoir un. Rien qu’un…
J’avais toujours un cadeau, au moins, à Noël… mais jamais LE jouet que j’avais espéré. Jamais celui que les copines avaient toutes reçu.
Chaque année, depuis que je suis marraine, tata, maman, j’interroge les lettres adressées au Père Noël, et je prend, sans me poser de questions. A la rentrée, ils auront eu les mêmes que ceux dont ils avaient rêvé, ou les mêmes que les autres à l’école, ou alors ceux qui iront au delà de leurs attentes, ou je ne sais pas…
Mais il ne seront pas tristounets.
Je fais mal. Je les aime mal. Ils n’auront pas les mêmes soucis que moi enfant. Ils en auront d’autres, me dit chéri. Je suis sourde. Ils en auront d’autres, nous verrons… mais ils n’auront pas ceux-là !
Je contribue à favoriser cette société qu’on dit pourrie. Gavage des enfants dés leur plus jeune age. Eux qui s’amusent avec une boite à chaussures… Oui, mais qui veulent la ferme playmobile, la maison de Dora, ou la moto de spider man…
Je sais que je les aime mal, sur ce coup là. Paraît que ça ne leur rend pas service. Je veux bien le croire.
Ne me jugez pas (ou alors si, jugez moi, mais pas trop sévèrement…).
Ça ne leur rend pas service, mais à moi, ça me rend un service énorme !
Je ne fais pas toujours bien. Je ne fais pas au plus juste, mais je fais différemment. C’est important, pour moi, de faire différemment. Je fais autrement, pour eux… Peut être pas mieux, mais autrement, et ça me fait un bien fou, de faire comme me le dit mon cœur.