Un texte écrit à quatre mains
Elles s’appelaient Melissa, Eleonora et Beryl. A ses trois filles, ce seigneur anglais ne refusait rien, ni les grandes, ni les petites choses. Leur premier souhait était d’avoir un arbre fruitier planté près de leur fenêtre de chambre pour pouvoir, en étendant le bras, cueillir ses fruits. Mélissa, un cerisier, Eléonore, un prunier et Beryl un amandier….
Les arbres furent plantés aussitôt les demandes formulées. Les trois demoiselles s’imaginaient déjà, le lendemain matin, ouvrir leurs fenêtres au vent frisquet et à la bise matinale pour déguster quelques gourmandises fraiches et sucrées. Elles se trouvèrent fort dépourvues quand elles ne virent que de pauvres arbustes aussi fragiles que minuscules.
La chambre de Melissa, qu’on appelait la chambre du cerisier, était tendue d’une cretonne, dite de Perse, et où des centaines d’oiseaux étaient perchés ici et là. Le soir pour s’endormir, elle les comptait comme on compte les moutons. Ces préférés restaient les cardinaux, du rouge vif ils sont devenus, avec le temps, roses et même blancs par endroits. Elle aimait les dessiner.
Melissa, c’était pour voir de près des oiseaux, qu’elle avait choisi un cerisier. Bien sûr, elle aimait les cerises, mais elle pensait que les oiseaux les aimaient encore plus qu’elle. Bientôt, il y aurait sans doute des centaines d’oiseaux perchés, ici et là, sur les branches de son cerisier. Bientôt, elle pourrait compter ceux là plutôt que ceux dessinés sur ses murs, immobiles et aux couleurs passées depuis longtemps. Bientôt, elle pourrait dessiner de vrais oiseaux, bien vivants. Quels seraient ses préférés ?
On raconte que les trois filles tombèrent malades. Le climat de Londres ne convenait pas à leurs poumons. Leur père, ayant déjà perdu sa femme de phtisie, les a emmenées dans une autre région. Il avait acheté un grand territoire, y avait construit une maison et tracé tout autour des jardins superbes. Ce domaine était devenu celui des Demoiselles anglaises. Dans la véranda, Melissa avait installé une jardinière dans une espèce de grand lavabo et y faisait pousser toutes sortes de plantes ramenées de ses expéditions dans la campagne. Evidement les oiseaux furent les bienvenus, mais tout était différent de ce qu'elle avait rêvé.
Melissa repensait souvent à son arbre. Elle l'imaginait grand et majestueux. Elle pensait aux magnifiques fleurs qui devaient apparaitre chaque printemps, et aux juteuses cerises qu'il devait donner. A qui profitait-il, son arbre, désormais? Des oiseaux, elle en voyait, ici, mais elle aurait tellement aimé les voir perchés sur son cerisier en train de chiper quelques fruits bien mûrs... Elle aurait tellement aimé s'endormir, fenêtre ouverte, bercée par le bruit du vent dans ses branches, et savourant les effluves douces et légères des fleurs de cerisier. Melissa y pensa tellement qu'elle en tomba malade. En mal de son arbre...
Brigou & Val
Et quelques photos....
la chasse aux oeufs sous un soleil timide...
Elisa et Gaby qui ont joué dehors pour la première fois hier...
Gabriel et son copain Thomas, prêts pour le carnaval...
EDIT de 15h45