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Val ...
13 mai 2008

Confidences...

Je me suis finalement garé sur un parking gratuit, peinard, quoi ! J’ai bien failli ne pas trouver de place et, furieux, stationner sur un passage clouté ou sur une place handicapé. Je sais bien ou je serais aujourd’hui ! Du moins… je le suppose. A la fourrière !  Heureusement, au carrefour, j’ai tourné à droite comme tout le monde. Mes penchants m’ont pourtant poussé à prendre à gauche, et à m’engager dans le sens interdit à toute vitesse. Je ne leur ai pas cédé, ce jour là. J’ai pris à droite comme tout le monde. J’ai suivi la file. J’ai trouvé une place. Il était temps…

Comment tout ça est-il arrivé ? J’ai envie de clamer que j’en sais rien. Au fond de moi, j’en ai bien une petite idée… Mais, ça n’a aucune importance, finalement !

Pourtant, j’étais un gamin sympa. Tout le monde me le dit. Un gosse poli, gentil, curieux, et rusé. Comment le gosse sympa est devenu l’adolescent qui inquiète ? Est-ce qu’il y a eu des signes avant coureurs ? Est-ce que c’est génétique ? Ai-je manqué de quelque chose  ? Ou bien… est-ce qu’on m’a trop donné ? Ma vérité est ailleurs que dans leurs hypothèses. Je la passe sous silence puisque c’est la règle. Chez moi, on ne déroge pas au tacite règlement. C’est comme ça !

Un adolescent qui inquiète ! Pas l’ado ordinaire qui ne range pas sa chambre et qui découche à l’occasion. Pas celui qui perd de l’assurance et devient gauche. Pas non plus celui qu’on a chopé avec une cigarette dans la bouche…

Moi, j’étais un adolescent qui a causé d’énormes tourments. J’ai eu des envies irrépressibles. Des envies de danger, de courses poursuites et d’adrénaline. J’ai eu des envies d’ivresse et de fièvres. J’ai eu des envies de castagne et de calibres.

J’étais en surtension à longueur de temps. J’avais des soubresauts de colère, et de fureur, et de violence.

Incontrôlable ! Inflexible ! Récalcitrant.

Je me croyais invincible, et ma mère pleurait.

Elle s’imaginait venir me voir… aux urgences un samedi soir, ou bien au parloir le dimanche. Et elle pleurait ! Elle prenait conseil auprès de tout le monde. Elle m’a suivi, espionné, surveillé… Elle fouillait dans mes affaires. Elles n’y trouvait que du shit, qu’elle balançait à chaque fois. Ça ne me rendait que plus agressif.

Un adolescent délinquant, ça devient un jeune adulte qui n’est pas bien mieux . Enfin… moi… ça a été mon cas. Dans l’appart’ que je partageais avec ma copine, il y avait plus de plants de cannabis que de meubles. Des mégots de pétards partout. Des cadavres de magnums de whisky par terre. Des potes bourrés d’alcool et de conneries dormaient et squattaient ici et là…

Non d’un chien ! C’est pas une vie, ça !

Elle est partie… pour un autre ! Un sage, que j’ai bien failli tuer. Je lui ai laissé la vie sauve dans un rare moment de lucidité.

J’ai fait le bilan. J’ai viré les potes. J’ai eu tout le temps d’y penser. Deux années tout seul, à m’adoucir en travaillant. Deux années à bosser, et à ruminer mes conneries d’avant, et à m’exercer à dire à ma mère à quel point j’ai eu tord d’être aussi con. Je lui ai jamais dit, finalement !

Deux ans de modération, de retenue, de semi isolement… mais toujours dix potes qui accouraient à la moindre rechute. Et toujours cette réputation de mauvais garçon.

Deux ans et elle est arrivée. Une gamine sage. Un peu candide. Un peu crédule.

Deux ans que j’hésitais au carrefour, et elle m’a fait signe de tourner à droite. Et je l’ai crue !

J’ai suivis le troupeau. J’ai respecté la limite de vitesse. J’ai été prudent. Elle m’a ouvert un peu le chemin.

Depuis je suis garé sur ce parking, peinard… J’ai remplacé mes vitres teintées. J’ai décollé mes tête de mort adhésives. J’ai viré les joints du cendrier. J’ai enlevé le poignard caché dans la boite à gant, et j’ai brulé ma batte de base ball qui n’avait jamais shooté dans aucune balle.

Depuis je suis rangé. Ma voiture est bien en ligne. Elle ne dépasse pas de sa place de parking. Ses papiers sont en règles.

L’ado « Madame faut venir chercher votre fils au poste » n’est qu’un mauvais souvenir.

Le jeune adulte «  C’est mon dixième pétard de la journée et j’suis pas défoncé » est loin, lui aussi.

Maintenant, je suis le Papa « Chérie t’as un jeton pour le caddy ? Vas-y, vas chez le coiffeur, nous on fait les courses, avec ’es p’tits ! Non, j’vais pas céder pour les bonbons. Promis ! » .

Ne restent de cette époque que les bavardages de mes anciens copains. Leurs récits du temps d’avant agrémentent encore parfois nos brèves et ponctuelles retrouvailles. J’en ricane par politesse, et pour feindre un semblant de regret. En réalité, plus le temps passe et plus je suis mal à l’aise quand ce passé me rattrape un peu.

Elle écoute. Elle s’indigne un peu. Elle se fâche parfois. Elle a ce sourire clément que je prends trop souvent pour de la pitié.

Et c’est en regardant mon père, le modèle sur lequel je crachais avant, qu’elle dit voir ce que je serai dans vingt ans.

Et moi, ça me fait sourire pieusement.

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Commentaires
V
Oui, un grand coté, même... ;)
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J
Donc un petit côté saint Thomas (l'apostât pas d'Aquin!).. ;-))
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V
J-F, je ne crois qu'en ce que je vois. Si là j'y crois, c'est parce que je l'ai vu!
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J
Avec un peu de retard dans les comm: tu es très chrétienne Val, tu crois en la rédemption du pécheur.<br /> Très beau texte, plein d'humanité et d'espoir
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V
Tilu, en fait, c'est parce que j'aimerais vivre cent vies ;)<br /> <br /> Fabeli... aaahhhhh l'amourrrr!<br /> <br /> Merci, Aude ;)
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