Evasion
Il paraît que je cultive un art. Si, si ! Celui de l’évasion. L’art de la fuite. On me l’a dit récemment… Je ne sais pas si c’est vrai, ou si c’est juste une petite boutade d’un futur époux.
Comme il ne me ment jamais (jamais ! Je sais mieux que vous !). Je prends ses paroles pour des réalités.
Je m’exerce au difficile artifice qui consiste à prendre la fuite quand la situation l’impose.
Je m’exerce, mais je n’excelle pas. Il s’est moqué. Je pratique à solides doses, mais je ne fais aucun progrès. Aucun !
Ah ! Elle est belle, la simulatrice ! En réalité, il paraît qu’elle ne sait pas du tout simuler. Aucune disposition pour maitriser le procédé. S’en est presque ridicule.
Dans une conversation, quelle qu’elle soit, il m’arrive de m’échapper. Je prends la fuite (par la parole) quand la conversation m’emprisonne. Je m’éclipse le plus discrètement possible, mais… c’est pas discret !
Un exemple ? Ok !
Dans une conversation, on me pose soudain une question. Manque de bol (pour moi) la question m’embarrasse, me trouble, m’importune, me contrarie. Ou alors, une réponse franche de ma part ne me grandirait pas, ou j’en ai un peu honte. Qu’à cela ne tienne, comme je suis polie et sociable, et que je n’aime ni les conflits, ni rougir en disant une vérité qui ne m’est pas agréable, et bien je sors de la conversation par une porte dérobée.
En langage, qu’est ce qu’une porte dérobée ? Je vous explique : je répond évasivement, par un semblant de réponse qui n’est ni un oui, ni un non ferme, mais plutôt un chemin qui contourne l’obstacle.
Et je crois bien faire ! Et j’essaye que ma réponse ait l’air la plus distraite et la plus naturelle possible. Et ben… ça marche pas ! Il dit que ça marche pas, et que la personne, qui n’a pas reçu la réponse qu’elle attendait, a vu clair dans ma fuite. Surtout que… moi qui regarde en général mes interlocuteurs dans les yeux, dans ces moments là… je regarde ailleurs. Ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Enfin, il paraît !
Un exemple concret !
- Valérie ? Est-ce que parfois je t’agace ?
(Là, la personne attend un Oui ou un Non, ou , au mieux, un « Oui, parfois », ou un « Non, pas du tout » )
Et moi, surprise et décontenancée par cette question très directe, je commence par fuir la personne du regard, soi disant, et puis, je lui réponds, d’un air lointain et le plus neutre possible (enfin, ça, c’est ce que je crois !) :
- Belle-maman, les enfants vous aiment beaucoup, vous savez.
(Bon, là, je caricature).
Dans les cas les plus extrêmes, il paraitrait même que je bégaye un peu, que je cherche mes mots, que mes mains tremblent légèrement, et même que je rougis.
J’suis tombée de haut. Après m’avoir observée pendant plus de six ans, ce n’est que maintenant qu’il me dit ça ! Moi qui croyais que mon art de l’évasion et de la réponse approximative (pour m’éviter la terrible épreuve d’en formuler une vraie) fonctionnait à merveille !
On en apprend tous les jours, sur soi…
Bon, je sais, le billet n’ est pas terrible, mais hier soir, je me suis noyée dans le défi du samedi ! On ne peut pas être sur tous les fronts…