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Val ...
7 octobre 2008

Hier amer


Alors voilà, quelques unes voulaient une démonstration de ma non-gentillesse ? L’occasion, malheureusement, m’en est donnée. Ma cruauté, qu’est, pour le coup, de la méchanceté, et que moi j’appelle plutôt de la passivité volontaire, et que Manu, lui, nomme, sourire aux lèvres, de la légitimité. Vous penserez de moi ce que vous voudrez. Mais force vous sera de constater que non, j’suis pas la gentille que, certaines imaginez. J’me déshabille un peu plus, aujourd’hui, pour la circonstance, et ce n’est pas les parties les plus jolies que je vous donne à voir. Tant pis !

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Hier, j’avais un coup de fil à passer, je le savais, j’ai reculé, reculé, jusqu’au soir, et puis renoncé.

Hier, nous étions le six octobre, j’vais pas mentir, j’ai pas oublié. Je le savais, j’y ai pensé toute la journée.

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Hier, six octobre, ma meilleure amie avait vingt huit ans. Et, pour la première fois en dix sept ans, je ne l’ai pas appelée. Pas de carte, pas de cadeau, pas de bouquet, pas même un mail, ni un message à son attention sur mon msn. Une page est tournée.

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C’est l’été qui a précédé mon entrée au collège que je l’ai rencontrée. A la piscine municipale. Elle aussi devait entrer en sixième. On s’est retrouvées chaque jour à la piscine ou au parc, et puis, chance inouïe, nous sommes entrées en sixième dans la même classe. Je venais de déménager. Je ne connaissais qu’elle dans tout le collège.

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Quatre années ensemble, pas toujours en classe ensemble, mais quatre années tout de même sans vraiment se séparer bien longtemps. Je suis entrée au lycée, elle a redoublé. Pas grave, l’année d’après elle était là, avec moi. Elle n’avait pas les capacités d’entrer en seconde, elle est venue préparer un BEP dans le même lycée que moi, et ce n’était pas dû au hasard.

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J’ai eu mon bac et elle est entrée dans la vie active. Je lui ai présenté l’homme qui est aujourd’hui son mari. Il était étudiant dans la même promo que moi. L’été elle s’arrangeait pour que l’étudiante que j’étais bosse dans sa boite. Tout concordait. Tout était toujours prévu pour écourter nos séparations.

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J’ai emménagé chez Manu à la campagne, dans sa maison. Elle a pris un appartement en ville avec son fiancé, et nous avons presque imposé notre union à nos compagnons. Une chance, ils s’entendaient bien. Une soixantaine de kilomètres nous séparaient, mais on se voyait plusieurs fois par semaine, tous les quatre.

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J’ai trouvé un job qui me convenait. Elle a déprimé parce qu’elle galèrait à ce niveau là. Elle avait un peu le blues de moi, de la campagne, de sa famille. Elle a souhaité revenir. Son compagnon a quitté son travail en ville, et ils ont loué une petite maison prés de chez nous.

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 Elle a repris des études quatre ans après qu’elle ait quitté l’école. Elle a effectué tous ses stages dans l’entreprise dans laquelle j’étais salariée. Dans mon bureau, auprès de moi.

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Son copain a trouvé du travail à la campagne, ils se sont mariés (j’étais leur témoin) et ont fait le choix d’acheter une maison à trois cent mètres de la notre (enfin, dans celle de Manu dans laquelle j’étais hébergée…). Nous, avec Manu, on avançait pas au même rythme qu’eux On n’avait pas du tout l’intention de s’unir pour la vie, et encore moins d’acheter un bien en commun. On se voyait chaque jour, eux et nous. Petites, on avait rêvé de vivre dans la même maison toutes les deux, le compromis était charmant.

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Et puis, un jour, je lui ai dit que j’attendais un enfant. Elle l’a pris comme une petite trahison, parce que j’avais crié haut et fort que moi je voulais prendre mon temps, et ne pas m’engager trop tôt. Elle ne s’y attendait pas. Elle n’a pas trouvé ma grossesse « logique ». Elle, elle était mariée, elle, elle se sentait prête depuis longtemps (son mari, non), et elle, elle était un peu plus âgée que moi. Et puis aussi, elle était déçue que je ne lui ai jamais parlé de ce désir d’enfant ( c’est que, parfois, quand on arrive pas à faire un enfant, on dit aux autres qu’on en veut pas. Enfin moi j’ai fait comme ça). Une erreur, sans doute… un manquement à notre pacte tacite. Vrai ! Manu avait pris la place qu’elle avait toujours occupée. Il était devenu mon unique confident. Je trouvais ça naturel… j’ai peut-être fait les choses un peu trop brusquement.

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Elle n’a pas été là pendant ma grossesse. Pourtant elle vivait si prés… Elle m’a même remplacée, à mon travail, pendant mon congé de maternité.

Elle n’a pas compris que l’entreprise ne la garde pas quand je suis revenue travailler. Elle n’a pas entendu que je n’avais pas mon mot à dire à ce sujet.

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Elle est revenue, quelques mois plus tard. Elle n’a jamais adressé ne serait-ce qu’un regard à bébé-Gaby. Soit…

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Et puis, avec Manu nous sommes partis. Nous avons déménagé. Elle a eu l’impression d’avoir été trompée… ils avaient acheté leur maison là exprès pour être proches de nous, et nous partions…Je n’ai pas su quoi lui dire.

Et, lorsqu’elle s’est étonnée qu’on ne lui propose pas de me remplacer définitivement après ma démission, je n’ai pas su quoi lui dire non plus. Je ne vais pas mentir ici (sinon ça rime à rien), j’ai suggéré quelqu’un d’autre qu’elle pour le poste que je libérais, mais elle n’avait pas les qualifications. Deuxième manquement. Deuxième erreur.

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Nous sommes arrivés à La Rochelle. Je suis tombée enceinte tout de suite. Je me suis abstenue de l’appeler pour le lui dire. Et puis, elle m’a contactée. Elle attendait son premier bébé. Je l’ai questionnée, et j’en ai conclu que nous avions conçus les petits embryons la même semaine. Je pensais qu’elle se réjouirait de pouvoir vivre toute une grossesse en même temps que moi, que nos enfants auraient exactement le même âge…

En fait, elle m’a avoué sa déception. C’était son tour, logiquement… Moi j’en avais déjà un.

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M’enfin, tout est rentré dans l’ordre. Pendant deux mois elle m’appelait chaque jour. Puis elle a perdu le bébé avant trois mois. Bébé Elisa, elle, était bien accrochée.

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Elle n’a plus téléphoné et j’ai évité, croyant bien faire, de trop la contacter, et surtout de ne pas évoquer ma grossesse. Je ne sais pas si j’ai bien fait ou pas.

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Mais elle est tombée enceinte à nouveau quelques mois plus tard. Sa joie est revenue. C’était l’été, et ils sont venus chez nous en vacances. Ça s’est très bien passé.

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Elisa est née. Sa fille est née quelques mois plus tard. Nous sommes allés voir la petite dans le Perche.

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Nous avons acheté et rénové notre maison. On se donnait des nouvelles des enfants plutôt régulièrement.

L’été est venu, et elle n’a pas souhaité revenir, ne voulant pas voir notre maison se monter alors que la leur n’avançait pas. On a pas insisté. Pourtant, on a fait l’effort de les visiter à chaque séjour là bas. On adore leur petite fille.

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Ensuite, de fil en aiguille on s’est vues bien moins. J’ai appris à ne pas trop parler de Gaby, car elle n’a pas de garçon, j’ai appris à ne pas me réjouir de ma maison, car la sienne ne lui plait plus, j’ai appris à ne pas évoquer notre vie à quatre, car elle aimerait un deuxième enfant mais son mari n’est pas chaud. Je ne parle pas plus de la mer parce qu’elle voudrait quitter le Perche (son mari non) , ou des amis qu’on s’est fait ici parce qu’elle se sent bien seule là bas.

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Bien sur, le jour de notre mariage, elle était mon témoin. Mais, au cours de la soirée, elle a lâché des propos que beaucoup ont entendu. Des choses dures et mesquines sur la sœur de Manu, qui vit là bas elle aussi. Il a été blessé. Il n’a pas souhaité aller les voir durant les trois semaines que nous avons passé là bas. J’ai fait bloc avec mon mari. Moi non plus je n’y suis pas allée. Troisième erreur, sans doute.

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Et puis, son grand frère vient vivre ici dans quelques semaines. C’est un copain d’enfance de Manu. Alors, normal, on l’a accueillis avec plaisir durant ses week-ends de prospection. Alors, normal, j’ai fait connaissance avec son épouse. Alors, logique, nos enfants jouent ensemble. Ce fut sans doute la trahison de trop. Elle est sa belle sœur ne s’entendent pour ainsi dire pas. Elle ne se cache pas de dire que c’est dégueulasse, ce que je lui ai fait, ce que je lui fais.

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Je ne l’ai pas appelé hier pour son anniversaire. Pour la première fois en dix sept ans.

Elle m’a téléphoné ce matin, pas fière. Je lui ai tout de même demandé si ça journée d’hier avait été pour elle agréable. Elle m’a dit « bof ». On avait rien de plus à se dire, alors on a raccroché.

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Je ne suis pas gentille. Je suis humaine. L’erreur est humaine.

Humaines aussi, la déception, la rudesse, le manque de compassion, de clémence, la sévérité, le défaut d’indulgence.

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Je ne suis pas gentille. Mon cœur parfois prononce des mots très durs, et me souffle des comportements navrants. C’est juste mon sourire affiché (mais jamais forcé) qui dissimule aux gens tout ce que mon cœur a de mauvais.

Hier-amer, c'est probablement moi qui ai balayé les dernières poussières qui trainaient de nos dix sept ans d'amitié, et je n'en suis pas très fière.

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Commentaires
L
Les amours, les amitiés, les rancoeurs aussi sont faites de cycles... ça tourne, ça déménage, ça fait de la place... on évolue... c'est douloureux parfois mais ça fait aussi du bien de "nettoyer" la poussière... je ne vois là rien de méchant, juste la vie, vivante.
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U
Val qui se prend trop au sérieux, c'est comme Val qui se prétend méchante => mouaaaaaaaaahhhhhhhh !!!!<br /> <br /> Cela doit pas arriver bien souvent quand même ;)<br /> <br /> ***pense que Val se prend au sérieux quand il le faut mais rarement "trop"***
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V
Ah mais non! T'en fais pas! Je te l'ai dit, j'aime bien. C'est en moi. D'ailleurs, mes enfants, ça leur sert à rien d'avoir une maman qui les a eus jeune, car je ne me mets pas à quatre pattes pour jouer avec eux. Je sais pas faire. Les histoires, les bisous, les câlins, oui, mais jouer avec eux, j'arrive pas!J'dois me prendre trop au sérieux, parfois, mouarf!
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S
oooups, la gaffe ! ;) Excuse-moi, je disais que je parcourais de temps en temps ton blog, j'aurai du lire plus attentivement ! Toutes mes excuses.<br /> <br /> A l'inverse, moi, on me dit toujours que je "fais" plus jeune que mon age (en gros,que je suis une gamine, quoi). Comme quoi...<br /> Je ne sais pas si tu as plus de "sagesse" mais je sais que tu donnes l'impression d'avoir plus de "vécu" que moi, ça oui !(et c'est en vivant que l'on apprend, dont la sagesse, ça, j'en suis persuadée)<br /> (et pardon pour les excès de guillemets, ça me prend, parfois)
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V
Adi, oh là là ça a été violent pour toi! Larmes, cris, insultes? Whouhou!<br /> <br /> Fabeli il dit des choses pas très gaies mais il est très joli, ton commentaire.<br /> <br /> Sel, bienvenue :D .<br /> J'ai parcouru un peu ton blog ce matin. Et j'adore quand des gens de mon âge croient qu'ils sont plus jeunes :) . Sérieusement, j'adore ça. sans doute qu'à un certain âge ça me fera moins rire... de faire plus que mon âge, oups! Mais pour le moment, ça me plait bien. ça me fait croire à une sagesse que je n'ai pas lol. <br /> <br /> Vavina bien sur qu'il faut être deux. Et oui, les échecs... hem! Je pense qu'on peut rien faire contre eux, les echecs. On en aura toujours...
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