Gazette du soir, bonsoir.
J’ai lu vos commentaires. Je n’y réponds pas parce que je ne sais pas quoi vous dire. Si, merci. Juste ça.
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Je n’ai rien fait du tout de la journée. Un peu d’abattement silencieux, une dose de démission après m’être occupée seule des enfants pendant quelques jours, une certaine indifférence pour le reste du monde, un laisser-aller certain.
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Je n’ai rien fait du tout. Si ce matin je suis partie faire quelques courses, ce n’était que pour m’évader et laisser Manu gérer les petit déj’, toilette, habillage. Et même repas du midi.
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Il m’a fallu la journée entière pour lire et commenter les défis du samedi. Par miettes. Mais je suis venue à bout de ma lecture. C’était distrayant.
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J’ai reçu quelques coups de fil amis. Les nouvelles vont vite dans nos campagnes.
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Je me suis finalement endormie vers cinq heures ce matin, tout contre mon petit garçon. J’ai dormi une bonne heure cet après midi. Deuxième jour de suite que je m’endors l’après midi. Mais ça fait passer le temps sans penser, aussi.
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Ce matin, il m’est venu quelque chose de farfelu à l’esprit. Une pensée étrange, difficile à retranscrire à l’oral ou à l’écrit. C’était comme un afflux brutal et implacable en moi. J’ai senti comme une lame froide et terriblement effrayante me menacer de l’intérieur et me glacer le sang.
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J’ai pensé soudain, comme un éclair terrible, allez savoir pourquoi, que je n’avais ni frère, ni sœur, que je n’avais pas de parents, que je n’avais plus de Mamie, plus de grand-père, plus de grand-mère, juste mon Papy.
Juste un Papy. Et personne d’autre.
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Je me suis affolée quand, de fil en aiguille, je me suis dit que le jour ou je ne l’aurai plus, je n’aurai plus personne. Je serai seule. Effroyablement seule. C’était très angoissant, sur le moment.
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En songeant à cette chose un peu stupide, ce matin, je me suis sentie soudain très vulnérable, à la merci de tous les dangers du monde. Je me suis trouvée démunie, nue, sans aucune arme pour me défendre des attaques de la vie. Je ne sais pas par quel concours de circonstance j’en suis arrivée à de si horribles conclusions. C’était comme indépendant de ma volonté. C’est venu comme une vision.
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J’ai failli partager cette angoisse épouvantable qui m’enserrait la gorge jusqu’à m’étouffer avec Manu, et puis je me suis abstenue. Lui dire à demi mot qu’il est quasi ma seule famille, c’est lui coller sur les épaules une charge bien trop lourde à porter pour un seul homme, même fort et volontaire. Je n’ai pas le droit de lui alourdir ainsi son chargement.
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