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Val ...
5 décembre 2008

Chers internautes, bonjour,

Vous ne me connaissez pas, alors que je sais tout de vous. Tout ! Enfin, tout ce que Val sait, je le sais.
Inséparables, nous sommes. Inséparables, indissociables, consubstantielles, siamoises.
Non, non, je ne suis pas qui vous croyez. Ne cherchez pas une créature de sang et d’os, ni un fantasme ni un ectoplasme.

Que vous suiviez le blog depuis sa naissance ou que vous ayez pris le convoi en route, vous n’aurez pas manqué de lire la dévotion que Val porte au café. Breuvage qui coule dans ses veines, n’a-t-elle pas écrit, sinon vingt fois alors cent.

En revanche ((comme on dit, le samedi matin, sur le marché de Rémalard (Orne)), comme j’ouvre une parenthèse, j’en profite, Val m’a dit votre amour pour les sciences mathématiques. L’Orne 61, le département qu’elle chérit le plus après le 17. Aviez-vous constaté que si on inversait les deux chiffres qui composent le 61 on n’obtenait pas le numéro du département de la Charente-Maritime. Étonnant, non ? (Val m’a demandé de ne pas faire trop compliqué. C’est bon ainsi ?))

Mais je digresse, je digresse : “Graisse” et je vous perds. Je reprends :

En revanche, je ne sache pas (oui, je parle parfois comme le vieux Papistache, c’est que j’ai lu tous ses billets, certains, dix fois) qu’elle (Val) vous ait jamais entretenu de moi. Je ne vois même pas pourquoi je pose la question puisque je sais qu’elle ne vous a jamais parlé de moi. C’est que notre relation est de l’ordre de l’intime.

Je vous allèche et vous fais saliver. Siamoise, intime, café. Qui suis-je ? Comme Val, je ne résiste pas et vous donne et la réponse et la devinette dans le même paragraphe.

L’aube se lève, Val dort encore. Elle m’a quitté si tard. L’aurore lui succède, elle dort toujours. Elle m’a quitté si tard. Enfin, la voilà. Je suis de sa première attention. Je me love au creux de sa main. Sans moi, elle laperait son café comme le chien son eau fraîche. Sa tasse.  Que dis-je sa tasse ?  SA tasse.

Oh ! Je sais que mon rôle a toujours été tu. “J’adore le café, je bois du café, je me sers un café, je reprendrais bien un petit café...” jamais un mot pour moi, jamais une parole reconnaissante, jamais un hymne, une ligne, une allusion... n’empêche, au creux de sa main, j’approche ses lèvres moi, messieurs, madame. Je garde longtemps en ma porcelaine, la chaleur ôtée au liquide brûlant et la lui restitue doucement, doucement. Je capture les arômes corsés que Val hume, longtemps après que le nectar a irrigué son système sanguin.

Val, l’air absent, me serre entre ses deux mains et nos fluides communiquent ; je réchauffe ses doigts gourds, je suis SA tasse.  Elle aime sentir ces dernières calories que je retiens pour elle. Voyez si elle ne m’approche pas de sa joue pour que nous échangions encore.

Communion laïque qui se renouvèle à toute heure ; comme jadis les moines se rendaient aux offices, Val reproduit les mêmes gestes. Je n’exagère pas en disant qu’elle prie, ses mains jointes autour de mon galbe rassurant, elle prie. Elle prie et je la réchauffe. Si le café est le sang de son christ, je suis son ciboire, son Graal.

Dix messes par jour, dix communions, dix fois dix élévations jusqu’à ses lèvres, je suis faite à ses paumes. Je sais qu’elle lorgne sur les gobelets géants des acteurs des séries américaines, récipients monstrueux aussi impersonnels que le jus qu’ils contiennent, je ne suis pas jalouse, c’est moi qu’elle porte à sa bouche en guignant ces confrères pansus, moi qui porte à son palais (je suis l’intendante de son Palais) son élixir de vie.

Elle peut quitter la maison, être invitée, commettre quelques infidélités, elle revient... toujours.
Le temps ne me paraît pas long. J’entretiens une fidèle amitié avec une autre obscure inconnue qui n‘a guère, elle non plus, les honneurs des écrits de notre belle maîtresse. Nous devisons des heures durant quand Val s’absente. Nous parlons d’elle bien sûr. Je lui raconte nos frôlements, ses doigts enlacés, ses lèvres qui suppent sa sève nourricière, sa joue qui cherche les ultimes atomes de chaleur, son pouce qui masse mes rondeurs lisses ; elle me dit le rituel, qu’infaillible, elle préside. Je le sais, c’est moi qui recueille le précieux nectar qui sourd de ses orifices tout à cet art soumis. Entre la cafetière et moi, l’osmose est parfaite.

Manu ne rappelle-t-il pas souvent ce credo ? “Si le bateau coulait : Ma femme, mes enfants, la cafetière et la tasse d’abord !”

Bon anniversaire Val ! C’est inutile que je le lui claironne. Je suis de toutes ses  cérémonies. Elle va verser des larmes de joie à lire tous vos témoignages d’amitié mais c’est sur moi qu’elles vont couler et ce ne seront ni les premières ni les dernières.


La tasse à Val

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Commentaires
U
En effet superbe billet et que dire de la réponse, simplement : à la hauteur du billet ;)
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T
Et la réponse de Val (faut pas m'en vouloir, il me faudra au moins un an pour changer mes habitudes), la réponse, donc, est à la hauteur du billet...<br /> Ah la la, que de moments d'émotion sur cet anniverBlog !!!
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C
Papistache, le café vous va si bien...
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B
C'est tendre et attentionné.<br /> Une jolie preuve d'affection.
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V
Encore heureux, que ce texte est, comme vous vous accordez à le dire, délicieux, très beau, admirable, délicat, épatant.... S'il avait été simplement bon, j'aurais été super déçue! <br /> <br /> Évidement tout est vrai. Mais comme c'est bien dit! Ah, ma tasse! MES tasses! Il y a la grosse rose et beige, que j'aime parce qu'elle peut contenir trois cafés, il y a la petite délicate en forme de fleur, gardée pour les occasions spéciales, et puis il y a la transparente en verre, que je pose partout et que j'oublie parfois aux quatre coins de la maison...<br /> <br /> J'ai hésité Papistache, entre me contenter de commenter le texte, commenter le texte et ajouter quelques usages neutres, ou bien commenter le texte et puis dire. J'ai choisi la troisième possibilité. <br /> <br /> Papistache, merci. Pas pour les bannières, pas pour tous ces billets que vous avez corrigés, pas non plus pour ce texte cette fois.<br /> Merci d'avoir été là. Merci de m'avoir fait aller mieux (Hey! Manu aussi le pense, que je vais mieux depuis que je vous connais, je ne l'ai pas inventé!). Merci parce que grâce à vous je me suis sentie écoutée quand j'en avais besoin. Merci parce que vous m'avez parfois dit (écrit) ce que j'avais besoin d'entendre (de lire!). Merci pour votre accueil toujours chaleureux, à vous et Mamoune. Mille fois merci. Vraiment. <br /> <br /> Dites, j'ai le droit de vous garder comme parrain/marraine, même sans blog?
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