Ne plus écrire
Je suis restée de longs mois sans écrire. Sans rien écrire. Pas une ligne, pas une lettre, pas de correspondance. Pas de carnet manuscrit. Ne rien écrire du tout. Les listes de courses ne comptent pas.
L’envie était partie. Perdue.
Elle n’est pas encore vraiment revenue. Reviendra-t-elle un jour ?
Si elle ne revient jamais, c’est pas grave. L’essentiel n’est pas là. L’essentiel n’est surtout pas là, ni dans les mots, ni dans ce qui est écrit. Ça compte peu, dans ma vie, finalement. Les mots s’envolent au vent.
J’ai été dépossédée de mon écriture. C’est comme une partie de moi –de ce qui était moi- qui m’a été ôtée. Et je ne me suis pas battue, débattue, pour la conserver.
J’ai fait autre chose. Je ne sais pas si c’est mieux ou moins bien. C’est différent, c’est tout. Ça s’est imposé. L’écriture m’a repoussée. Et inversement.
Je n’ai pas plus lu. Chez moi, les deux sont étroitement liés.
C’était devenu triste, pour moi, d’écrire. Un peu âcre. Et envahissant. Comme une personne que l’on aime plus.