Celle qui n'échangeait pas ses livres
Sur un site que où je me connecte chaque jour -Troc vestiaire pour ne pas le citer- j'ai décidé d'échanger mes livres. Quelques livres. Ceux que je ne relirai jamais. Alors à quoi bon les garder ?
Une jeune fille -étudiante- en veut. Contre d'autres objets. Parce que, dit-elle, elle n’échange pas ses livres.
Moi aussi, il y a quelques années, je n'échangeais pas mes livres. Je gardais tout. Je les gardais tous. Même ceux que je n’avais pas aimés.
Pour quoi faire ? J'en sais rien. Juste parce que c'étaient des livres. $
Et puis avec un enfant, puis deux, puis trois, puis tel meuble encombrant, tel truc qui mange de la place, etc... plus de place pour tous ces livres, qui me sont d'ailleurs inutiles puisque je l'ai dit : pour beaucoup d'entre eux, je ne les relirai jamais.
Alors, maintenant, je les troque. Contre ce dont j'ai besoin.
Les livres ne sont plus sacrés à mes yeux. D'ailleurs, seule l’œuvre l'est, en fin de compte. Le livre n'est qu'une copie parmi de milliers. Un support. Un objet.
Hier, j'ai un peu choqué mon « faux-Papa ».
Je lui prête un livre. Je le pose sur la table de jardin . Toute abîmée, tâchée. Et en plein dans une tâche de « je ne sais quoi » : graisse, vernis... un truc bien gras, quoi.
Et je dis : « On s'en fiche, c'est rien ».
D'ailleurs mes livres je les corne. J'écris dedans. Je m'en sers pour poser une tasse de café chaud dessus, pour éviter de tâche ma table basse (Si, si ! Et alors?).
C'est vrai. Pour moi, c'est rien. Un livre à la couverture tâchée. Et alors ?
Un livre, juste l'objet, sa valeur est minime. Et si on l'aime... on en trouve un autre, après tout.
Non ?
Peut-être que pour moi, vieillir, c'est faire le tri entre ce qui est sacré et le reste. Entre l'important et le « c'est rien ».
Et un livre, c'est du papier.