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Val ...
21 novembre 2018

Juste avant

Cela ne se produit guère plus d’une fois par an. Parfois moins. Et c’est tant mieux, finalement, pour mes nerfs. 

Et puis cet événement va de paire avec une rupture, alors autant que ce ne soit pas trop souvent. 

 

Les jours d’avant je suis sereine : je prépare. Une chambre, des objets, des inscriptions à l’école. Je prépare aussi ma famille. On se projette. Et finalement je suis efficace sur ce plan qui est la préparation. 

 

Mais lorsque le jour arrive, c’est différent. Il n’est plus question de préparer quoi que ce soit. Peut-être régler fébrilement quelques menus détails: faire un lit, mettre un réveil. Pas plus. 

Et puis attendre.

 

Et cette attente est pénible et agréable à la fois. Inutile de vaquer à des occupations habituelles. Je n’y parviens pas. Je le sais. Ma concentration est ailleurs, exclusivement tournée par ce que j’attends. Je préfère quand ça se produit le matin. Si, par malheur, c’est en fin de journée, il m’est insupportable de compter ainsi les heures. 

 

S’entremêlent des sentiments d’inquiétude, de doute, mais aussi de curiosité et de cette envie de nouveauté. 

Et puis la pression énorme, envahissante: je sais par expérience que, si ce n’est tout, une grande partie de ce qui va se dérouler ces prochains mois se joue dès le premier jour. Que dis-je? Le premier jour... Tout se joue dans les premiers instants. 

 

La rencontre. Officielle. Ma posture, mes paroles, mon comportement. Peut-être même ma tenue, l’odeur de ma maison, la présence ou non de mon chien à l’intérieur. La disposition des meubles dans sa chambre. Et toutes ses premières impressions finalement. 

Tous ces menus détails qui resteront en sa mémoire. 

 

Une demoiselle de treize ans arrive. Ce matin.

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Commentaires
H
Si l'accueil peut être important pour celui qui le prépare, il l'est beaucoup moins pour celui qui le subit... L'instant se focalise sur le ressentis des belligérants... C'est ce ressentis qui note l'instant...
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B
Quand j'étais remplaçante, les premiers instants étaent aussi très importants. Passer la porte, la refermer et être face à un groupe qu'il fallait tenir, séduire, intéresser. Quelques minutes et ne pas rater son coup.
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A
"On n'a pas deux fois l'occasion de faire une première impression", comme dit l'adage.<br /> <br /> Je comprends très bien que beaucoup va se nouer lors de ce premier contact. Pour le jeune que tu accueilles. et pour toi aussi probablement. Sinon tu ne serais pas si fébrile, à mon avis.<br /> <br /> Cela m'a rappelé mon arrivée au centre de rééducation quand j'avais 12 ans.<br /> <br /> On m'a aussitôt présenté « mon éducateur ». Un homme grand, brun, l'air sévère (selon moi), il m'a fait terriblement peur. De même que le mot « éducateur ». Synonyme pour moi de gardien de prison. J'ai même pensé j'espère qu'il ne donne pas des coups…<br /> <br /> en réalité il fut : on va dire « normal ». Mais cette première image m'est restée marquée très longtemps. Je craignais toujours une engueulade de sa part même s'il n'y en eut aucune.
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H
Superbe, ce petit texte ; parfait à sa manière ! C'est ce que j'ai lu de toi le meilleur, je pense : simple, sans excès, sans dérision, pas de pathos. Je suis très content (pour ainsi dire) !
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N
Lire les émotions de l'adulte avant la rencontre est un cadeau rare que vous faites au lecteur, j'ai le souhait fou que vous puissiez, un jour partager ces mots avec Elle.<br /> <br /> Que ce chemin soit riche et fécond pour tous.
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