Larmes de nuit
J’ai pleuré cette nuit
Enfin, ce matin. Très tôt. Mon corps s’est éveillé à cinq heures, comme pour m’exprimer ce besoin.
J’ai pleuré cette nuit et je n’avais pas de chagrin. Exclues, autant que possible, les larmes de chagrin.
Mes pleurs me régulent. Je crois. Elles évacuent tout ce qui, en moi, menace de se rompre. Tensions passées et à venir. Et, de plus en plus souvent, plutôt celles à venir.
Me suis entraînée inconsciemment à cette anticipation par les larmes. C’est étrange peut-être, je sais ça.
Ce lundi sera une journée un peu rugueuse au toucher. Peut-être même une sorte de combat. Je m’y prépare grâce aux larmes.
Avant, j’allais au front sans bien prévoir à l’avance ni mes tirs, ni mes stratégies de défenses. Et parfois, en pleine bataille, les larmes montaient. Je n’étais alors ni triste, ni contrariée, ni affaiblie je pense. Il s’agissait de cette pression émotionnelle mal régulée. N’importe, mon corps me trahissait. Je devenais moins crédible. Mes interlocuteurs le prenaient comme un appel à m’apaiser, voire à me consoler.
Je perdais toute crédibilité.
Ainsi, à présent je pleure avant. Réguler les vannes en prévision d’un débordement.
Des pleurs. Longs et silencieux dans le noir. Jusqu’à cet épuisement qui m’entraîne dans cet état de somnolence paisible. Et, lorsque le réveil sonne, vidée de tout ce qui aurait pu interférer avec mes idées claires, je me lève plus déterminée que jamais.