Le vide intersidéral
Tu te connais assez bien: tu parles. À n’importe qui, tu parles. Tu interroges à tout va, tu donnes ton avis avant même, parfois, qu’on ne te le demande.
Peu timide. Assez de confiance en toi.
Tu as même un t-shirt « Bavarde ».
Tu te connais assez bien: tu dis ce que tu penses. Parfois trop franchement. Parfois sans diplomatie. Parfois alors qu’il aurait mieux valu se la boucler un peu. Souvent, sur un coup de nerfs. Très impulsive évidemment.
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Et puis un jour, tu ne te reconnais plus. Tu te tais. Trop peut-être. Tu poses peu de questions pertinentes. Pour ne pas dire : pas du tout. Tu sembles avoir perdu ton cerveau. Ou sous l’emprise d’une drogue. Tu n’oses donner ton point de vue. Peur de ne pas réussir à l’exprimer, peur de ne pas fournir une opinion assez aboutie.
Tu deviens presque timide. Du moins silencieuse. Mais d’un mutisme con. Comme si tu ne savais pas, comme si tu ne réfléchissais pas. Comme si tu étais sotte. Sans avis, sans reflexion. Sur ton front, c’est presque écrit : « Potiche ».
Perte d’une sorte d’assurance pourtant assez naturelle.
Et tu te reconnais à peine, encore, quand tu n’oses plus gueuler. Tu te fais conciliante. Tu contrôles tes humeurs. Tu te perds un peu.
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Retrouver ses esprits. Retrouver son cerveau. Après coup malheureusement. Trop tard! Y songer, à l’avenir!
Ça semble si facile, par définition, d’être naturelle. Et pourtant, parfois...
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« Et je suis sorti
En regrettant
De ne pas avoir répondu
Na na na na na na na na
Et j'ai marché sous la pluie
En refaisant
Une réponse mieux foutue
Na na na na na na na na »