I'll be back
Ce matin, alors que je conduisais Gabriel pour son inscription au lycée, elle m’envoie un message. Qui demande à me voir.
J’ai eu une intuition. Non. J’ai anticipé après analyse et réflexion. J’ai dit à Gabriel qu’à mon avis, elle dormirait chez nous ce soir.
« Comment tu sais? », m’a-t-il répondu, incrédule.
Je savais. C’est tout.
Elle nous a donné rendez-vous à l’entrée d’un supermarché. Je lui ai proposé que l’on boive un verre tous les trois à une terrasse. Elle était d’accord.
Attablée face à nous, elle annonce qu’elle sera bientôt prise à l’hôpital, en tant que aide soignante, pour un contrat d’un an.
Gabriel me jette un regard qui veut dire : « Tu vois, tu t’es bien trompée! ».
Pourtant, je reste persuadée...
Je me lance donc: « Mais... tu vis où, au juste? »
- C’est compliqué.
À mon tour de rendre son regard à Gabriel.
Et d’ajouter : « Tu veux venir passer quelques temps à la maison? ».
- Oui!
Voilà. Pas tellement besoin de plus d’explications pour le moment. Elle a besoin de venir. Point.
Nous nous sommes garés en bas d’un immeuble. Elle est montée récupérer des affaires. Une valise déjà prête, si l’on en juge au temps qu’elle a passé à « récupérer ».
Et elle est là. Je ne sais pas pour combien de temps. Je ne lui ai pas demandé. Il est trop tôt pour ça.
Elisa a pleuré en la voyant entrer chez nous. D’émotion. Il fut un temps où elle jouait le rôle de sœur aînée.
Et mes petits, quand ils sont rentrés de l’école, se sont écriés, en lui sautant dans les bras : « Coco! Tu es là !! ».
Elle n’est là que depuis ce matin, et pourtant c’est comme si elle n’était jamais partie. Nous avons, tous, immédiatement ressenti cette impression étrange de normalité.
Tous, sauf une. Ma demoiselle brune se tient un peu à l’écart. Pour le moment. Comme une défiance. Comme si elle trouvait curieux qu’une fois majeure, on revienne loger dans sa famille d’accueil...