Quand l’amour se tait
Je tombe sur cette photo par hasard. Et je reste étrangement bloquée dessus. Elle m’évoque tout, et, à la fois, elle ne m’évoque plus rien. Photo d’amour. Photo de ce qui n’est plus, et ne sera plus jamais. Je n’éprouve, à la regarder, ni chagrin ni regret. Aucune nostalgie non plus. Je suis surprise de n’en rien ressentir. Je m’indigne presque d’y être si indifférente. Alors j’insiste. Je me focalise dessus. Je cherche à trouver en moi un sentiment plus noble. Une tendresse, peut-être, en souvenir de ce qui a existé? Une gratitude pour ce qui a eu, un jour, une si grande importance ?
Ça ne vient pas. Je persiste. Je m’examine de manière méticuleuse. Pour voir.
Et je finis pas y découvrir une sorte de dégoût. Un désintéressement vague. Une certaine lassitude.
Je range la photo. Il fait chaud. Je m’abandonne à une langueur paresseuse. Je n’ai envie de rien d’autre que de me livrer à des introspections inutiles. Je ne résiste pas à ces petites lubies de l’âme. Je m’y noie, même.
Une idée me vient soudain. Je songe à un autre amour. Je sais où, sur internet, trouver des vidéos de ses conférences. Pour vérifier. C’est si facile d’être désintéressée par quelqu’un que l’on a, un jour, cessé d’aimer. Est-ce pareil pour qui nous a quittée?
C’est pareil, en effet. L’amour est un enfant capricieux et ingrat.
Qui de nous deux, mon amour, regardera le premier nos images d’amour avec ce vague déplaisir indifférent ?