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Val ...
24 juillet 2019

Quand l’amour se tait

Je tombe sur cette photo par hasard. Et je reste étrangement bloquée dessus. Elle m’évoque tout, et, à la fois, elle ne m’évoque plus rien. Photo d’amour. Photo de ce qui n’est plus, et ne sera plus jamais. Je n’éprouve, à la regarder, ni chagrin ni regret. Aucune nostalgie non plus. Je suis surprise de n’en rien ressentir. Je m’indigne presque d’y être si indifférente. Alors j’insiste. Je me focalise dessus. Je cherche à trouver en moi un sentiment plus noble. Une tendresse, peut-être, en souvenir de ce qui a existé? Une gratitude pour ce qui a eu, un jour, une si grande importance ? 

Ça ne vient pas. Je persiste. Je m’examine de manière méticuleuse. Pour voir. 

Et je finis pas y découvrir une sorte de dégoût. Un désintéressement vague. Une certaine lassitude. 

Je range la photo. Il fait chaud. Je m’abandonne à une langueur paresseuse. Je n’ai envie de rien d’autre que de me livrer à des introspections inutiles. Je ne résiste pas à ces petites lubies de l’âme. Je m’y noie, même. 

Une idée me vient soudain. Je songe à un autre amour. Je sais où, sur internet, trouver des vidéos de ses conférences. Pour vérifier. C’est si facile d’être désintéressée par quelqu’un que l’on a, un jour, cessé d’aimer. Est-ce pareil pour qui nous a quittée? 

C’est pareil, en effet. L’amour est un enfant capricieux et ingrat. 

Qui de nous deux, mon amour, regardera le premier nos images d’amour avec ce vague déplaisir indifférent ?

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Commentaires
C
L'amour est comme toutes les autres choses de ce monde : il suit une courbe en forme de V renversé...<br /> <br /> •.¸¸.•*`*•.¸¸☆
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H
Wouah ! C'est le commentaire le plus exactement adapté que j'ai lu jusqu'à présent ! Je n'en reviens pas : une critique si pertinente, si brillante, toute en métaphore incroyable ! Je félicite Kapotruc de tout mon cœur et lui lèche humblement les orteils moites avec ma langue ahurie de reconnaissance soumise et admirative !
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H
Superbe phrase finale, si artistiquement ciselée !
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P
Oui. Entre espoir lucidité et assurance.
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P
Tu montres bien, Valérie, l'amollissement que la touffeur estivale génère et puis cette fin, si maligne, comme un "carpe diem" un peu teinté de fatalité. Le besoin d'amour est immanent. Décidément, la chaleur était émolliente en cette soirée d'été.
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