Le rêve
Je fais trois rêves récurrents, c’est à dire plusieurs fois par an depuis des années. Je ne m’en détache pas. Ils reviennent toujours.
Le premier concerne mes années de BTS. Je rêve régulièrement que je suis dans cette classe, à suivre des cours d’assistante trilingue et à me demander, dans une angoisse profonde, ce que je fais là.
Dans le second, je me retrouve à nouveau propriétaire de notre maison à Tonnay-Charente. Je veux y vivre et la garder, et je me torture l’esprit à trouver des solutions pour y vivre sans ne rien perdre de ma vie actuelle.
Et, dans le troisième, je suis à mon ancien poste, dans l’entreprise que j’ai quittée il y a huit ans maintenant. Et je me démène également pour trouver comment en sortir. Avec la même angoisse que dans les deux autres rêves.
Je ne fais pas de l’interprétation de rêves à l’emporte-pièce. Néanmoins, le fait de rêver régulièrement des trois mêmes situations passées et de ne jamais y trouver une issue dans mon rêve me semble assez révélateur. Il s’agit de trois moments de ma vie que j’ai assez mal vécus. Comme autant de situations que je n’ai pas tout à fait oubliées, « digérées ».
N’importe ça. On ne peut revenir en arrière de toute façon. Il est inutile de songer à ce que l’on aurait pu faire autrement à ces moments-là. J’ai fait à chaque fois ce que je trouvais pertinent de faire. Et, avais-je d’autres choix? Mon inconscient se débrouillera avec ça.
Cette semaine, en revanche, j’ai rêvé d’une chose nouvelle. Un peu perturbante. Je ne sais ni comment ni pourquoi, mais j’avais perdu l’adhésion de mon mari. Son « amour », si l’on veut. Ce fut quelque chose d’assez pénible, si je me souviens bien. J’oscillais entre colère, révolte, dépit et effondrement.
Et puis, il me proposait soudain une idée qui me permettrait (peut-être) de le reconquérir : adhérer à ses projets. D’une manière entière et sans réserve.
Ma première réaction fut de lui concéder tout ce qu’il voudrait, sans broncher, pour ne pas « le perdre ».
Son projet était de vivre sur une péniche (étranges, les rêves!). Elle était toute pourrie et nous y étions à l’étroit. De surcroît, elle n’était pas chauffée. Cela me semblait même dangereux. Le bois craquait tant, était si abîmé que je craignais le naufrage à chaque instant. Je n’ai pas pu y dormir ni y laisser dormir nos enfants. Je me suis révoltée, j’ai fini par lui hurler que, non, finalement, je ne ferai rien qui dépasse mes limites pour le reconquérir. Jamais rien au delà de ce que je peux donner. Jamais!
Je me suis réveillée plutôt confuse et dans un certain malaise psychique et physique.
Fort heureusement, je me suis levée, et Manu était là, constant, et très calme. Il préparait le petit déjeuner, comme à son habitude. Ne me demandant aucun sacrifice pour qu’il en reste ainsi.