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Val ...
26 novembre 2019

Dernier amour

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Ce film est une adaptation du texte autobiographique de Casanova : « l’histoire de ma vie ». Comme son titre l’indique, il se focalise sur son dernier amour. 

J’ai voulu voir ce film car j’ai une curiosité pour ce personnage qu’était Casanova. J’ai toujours supposé que « le mâle alpha » du 18ème siècle devait à peu près être ce qu’il était, c’est à dire un homme cultivé, un esprit habile, un passionné doté d’une puissance qui se mesure à la fois dans la vie publique, dans l’écriture et dans la conquête des femmes. Voilà ce que j’ai lu et que je suppose du personnage, du moins dans la période faste. Et je lirai, je pense, « l’histoire de ma vie ». 

Ce film écarte cette période faste, néanmoins, pour se focaliser sur le déboire amoureux final. 

Casanova a quarante-cinq ans et est forcé à l’exil en Angleterre. Là, il y rencontre une jeune femme. Qui est une beauté farouche, mais vénale et douée de multiples duperies. Il en tombera fou de désir d’abord, et voudra la posséder comme toutes les autres. Seulement, cette prostituee de luxe parviendra à le manipuler des mois durant. Toujours à deux doigts de se livrer, la « Charpillon » se dérobe à lui, baisant pourtant, à tout va et à peu près avec tout le monde, monnayant ses charmes, mais se refusant obstinément à lui. C’est d’abord un défi pour Casanova, qui se change en grande incompréhension par la suite. La plus putaine de toutes celles sur qui il aura jeté son dévolu est celle qui finalement lui résistera avec la plus grande résolution. 

Ainsi, il lui fera une cour assidue, lui offrira des bijoux, l’invitera à des promenades et se conduira avec elle comme un prétendant désirant séduire une jeune femme respectable. Comble du paradoxe, compte tenu de leurs deux sulfureuses réputations. En vain. Elle qui se donne à tous ne s’offrira jamais à lui. Il s’en rendra malade de colère. Pour enfin tomber dans les affres du dépit et du chagrin: il aimait cette femme perfide qu’il n’a jamais pu posséder. Cette résistance l’en fit tomber amoureux. 

Le film n’est pas une œuvre grandiose mais permet de multiples réflexions, que les écrits de Casanova doivent permettre plus encore.

Le sexe serait donc une monnaie d’échange. Les relations amoureuses abriteraient des duplicités, des faussetés  sur la question sexuelle? Ce film le laisse supposer. 

Premièrement, cela m’a fait songer à une conversation très significative que j’ai eue avec une amie il y a quelques jours. Son amant devenait distant, n’avait plus aucun désir pour elle. Et, lorsqu’elle l’a interrogé sur les raisons de ce désintérêt, il a répondu sincèrement que c’était trop facile, qu’il n’y avait pas d’enjeu exaltant puisqu’elle lui était toute acquise. 

Ainsi l’homme, prédateur puissant et dominateur, aime dans le sexe ... le défi! Et que rien ne lui soit acquis, autrement il se lasse et cesse de vouloir. Cela explique beaucoup de comportements, féminins et masculins. 

L’homme se sentirait exalté, donc, par une certaine résistance. La séduction non courue d’avance lui donnant l’opportunité de se surpasser. 

Les déboires de Casanova autant que ses réussites laissent supposer que la femme qui, flattée ou amoureuse, se donne, réalise bientôt qu’en se donnant avec joie et régulièrement, l’homme ne fait plus d’efforts: il n’en n’a pas besoin puisqu’elle lui est acquise. Seulement, ainsi, elle se sent comme niée en tant que femme, puisqu’elle n’est plus désirée au sens qu’elle estime juste (considérée et courtisée). 

Casanova n’aura aimé que celle qui s’est toujours refusée physiquement. 

Cela m’amène à une réflexion, et me fait songer à un texte lu il y a un an à peu près, et qui pointait du doigt les calculs et les affectations des femmes au sujet de la sexualité. Dans ce texte, il était dit à peu près (entre autres) que la femme renonçait à la sexualité par calcul: elle avait affecté dans un premier temps d’avoir envie régulièrement jusqu’à s’assurer la protection de l’homme puis cessait naturellement quand cette dernière lui était acquise. 

Pourtant, moi, j’ai réfléchi à une autre théorie, tout aussi plausible: 

La même femme a pu vivre une sexualité régulière et épanouie au début, et de manière très sincère. Mais, cette femme, s’apercevant que l’homme la considère  moins après avoir obtenu du sexe, lorsqu’elle en saisit la raison, se reprend logiquement et peut-être même inconsciemment. Elle se refuse soudain. Et c’est à peine une manipulation. Ce refus est motivé par l’envie d’être à nouveau objet de convoitise et de désir, et non instrument de plaisir routinier. Cela lui évite dépit et vexation à venir, et c’est peut être plutôt une sorte de protection, quand on y songe.  Contre un chagrin programmé (la désaffection). Ainsi, elle s’assure quelques égards en ne cédant pas ou moins. Et n’offre du sexe que lorsque l’homme a été conforme à ce qu’au fond, elle attend de lui, et qui est peut-être pas plus de l’ordre de la protection que d’attentions qui la font se sentir femme (courtisée et désirée). 

L’homme, logiquement, ne comprend pas ce  brutal revers. Et il songe que la femme est la seule responsable de leur non-sexualité. Pourquoi donc ne veut-elle plus, lui qui jurerait n’avoir pas changé? Mais au fond, il a changé en quelque chose: tant qu’il n’était pas certain de la posséder autant de fois qu’il le voulait, sans doute qu’il lui accordait des attentions et des égards (peut-être feints ou du moins surjoués d’ailleurs). Et il jurera pourtant qu’il n’a changé en rien. 

N’importe. 

C’est alors un jeu malsain qui s’établit, et qui a pour vocation de perdurer indéfiniment dans le couple. Et qui, sans doute, laisse chacun frustré. 

Mais qui est à blâmer? 

La femme qui nie ses envies sexuelles pour obtenir des attentions? Peut-être, pour son épanouissement de femme, les égards de l’homme supplantent ses besoins en matière de sexe, et que dans la balance, elle se sent amenée à faire ce choix comme une évidence. Et légitimement, selon elle. 

Et elle a tort, sans doute. Mais est-ce si conscient que cela? Est-ce si prémédité ? Je ne le pense pas. Elle est dissuadée de sexe car elle sait à présent par avance qu’ensuite, elle perdra de l’intérêt pour l’homme, du moins pendant un temps, plus ou moins long: jusqu’à ce qu’il ait envie à nouveau. Et elle espace ses rapports sexuels pour savourer ces périodes où elle est à nouveau objet de convoitise, redoutant le moment où elle cédera et ne le sera plus. Ou moins. 

Mais, se dit-elle, si l’homme était plus constant, elle n’aurait pas besoin de ces stratagèmes plus ou moins conscients qui l’éloignent de sa nature et de ses désirs de corps .

Casanova ne tomba  amoureux et n’eut d’égards sincères que pour celle qui se refusa à lui. Significatif du comportement mâle, peut-être. Qui veut posséder mais, ensuite, se lasse de posséder et recherche à nouveau l’inaccessible. D’ailleurs : rarement la femme qui ne se donne plus n’est quittée pour ce motif, quand on y songe. 

Insoluble, en somme! 

Je me suis éloignée du film, évidemment, mais j’ai trouvé ce fil de réflexion intéressant.

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Commentaires
B
Voilà qui ramène à d'éternelles "réflexions", à d'éternelles vaines discussions. J'en soupire, j'en suis déjà las avant même d'arriver aux commentaires de War Henry, c'est dire…
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H
Voilà un bon article, même si au fond tu parles à peine du film : ton extrapolation vaut quelque chose !<br /> <br /> <br /> <br /> Seulement, ma théorie vaut mieux, car inévitablement, après un court jeûne, l'homme retrouve toujours son appétit, c'est perpétuelle et la femme le voit forcément. Par ailleurs, elle n'ignore pas, je pense, les moyens de lui donner faim ; elle n'a donc guère de raison de se frustrer - elle peut empêcher la routine, si elle est imaginative.<br /> <br /> <br /> <br /> Non, je crois qu'elle feint tout d'abord, parce qu'elle veut domestiquer peu à peu. D'ailleurs, femme qui affame l'époux n'obtient pas d'égard - sa stratégie est mauvaise, ce dont elle doit s'apercevoir ; par routine, elle détourne même les égards du mari qui n'"y" pense plus vraiment avec elle.
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M
Pour ma part... Ce schéma est d'une incommensurable immaturité ; du genre que l'on voit dans les cours de récré du primaire : l'un veut la pomme et l'autre pose des conditions d'acquisitions... <br /> <br /> Personne, à ce stade, ne réalise que s'il n'y a pas de demande, il n'y a pas d'offre... Le jeu de la demande et de l'offre ne repose pas sur grand chose...<br /> <br /> Dans ce jeu là, d'ailleurs, le risque est que si l'offre est trop élevée, la demande s'adresse à une offre moins coûteuse...<br /> <br /> Si je devais me situer... Je répondrais que je suis anorexique. MdR !
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V
Toi aussi, ça t’a interrogée? Tu me rassures. <br /> <br /> Tous les hommes ne sont passés Casanova et toutes les femmes pas de femmes fatales, non. Mais il y a quand même cette tendance: l’homme a une certaine virilité (qui est aussi de posséder) et la femme rechercher un homme pour la protéger ou à admirer. <br /> <br /> <br /> <br /> Quant aux croyances éducatives, aux formatages: je suis bien d’accord avec toi. Cela dénature même le désir, je pense. <br /> <br /> <br /> <br /> Et j’aime ta dernière phrase.
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C
C'est en effet un thème de réflexion qui m'a souvent interrogée...Ma propre expérience m'a mené à constater que la séduction est une quête incessante et épuisante...Si l'on considère l'autre comme un objet que l'on cherche à s'approprier... Mais peut-on faire des généralités, et penser que ce processus est universel ?<br /> <br /> J'ai envie de penser que tous les hommes ne sont pas des casanovas...Toutes les femmes pas des femmes fatales. Et que d'autres rapports sont possibles entre hommes et femmes...<br /> <br /> Mon côté utopiste peut-être. Il y a tant de scories qui viennent polluer le désir, cette chose fragile...Elles ont nom "quotidien", "croyances éducatives" "formatages familiaux ou religieux" "manque de confiance en soi" "schémas de genres" j'en passe...bref...<br /> <br /> De quoi, en effet, se demander ce qui nous meut profondément dans nos comportements sociaux, sexuels, affectifs, amoureux etc...Et si nous n'avons pas quelque chose à faire pour ne pas nous laisser manipuler par autrui comme par nous-mêmes...<br /> <br /> •.¸¸.•*`*•.¸¸☆
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