L’hiver
(Devoir du Goût, écrit à l'occasion de mon marathon d'écriture, dans la nuit de samedi à dimanche).
Voilà. L’hiver est là, songe-t-elle. Et avec lui, vient la solitude froide qui la saisit et la laisse pensive, par contraste avec la chaleur enveloppante et enjôleuse qui l’irradiait encore hier.
Elle n’est pas surprise. Elle s’y attendait. L’homme qu’elle aime est un climat tempéré. La saison froide succède à la canicule ardente en un éternel recommencement.
Elle l’avait anticipé, prévoyant des vêtements chaud et se couvrant la tête. Elle a appris à se protéger des grands froids et à s’accommoder des soudaines alternances.
Et puis, la chaleur avait trop duré, sans doute...
Elle sait se prémunir à présent des changements de saisons, et les accepte à la manière des jardiniers philosophes. Le printemps reviendra bientôt, et l’été lui succédera.
Pour l’heure, devant son café, elle est blasée du changement soudain au point de se le représenter comme une normalité, comme personne ne s’étonne plus, sous nos latitudes, que la neige et le vent glacial succèdent logiquement à l’été ardent.
Elle a même appris à en tirer avantage, d’une certaine manière, tirant profit des revirements, s’armant de circonspection.
Jamais plus, elle n’attend l’orage avec l’impatience folle des débuts, même lorsque le soleil la brûle trop fort. Si le tonnerre et le déluge feront redescendre agréablement la température et adouciront l’air ambiant, il marqueront aussi la fin de la saison chaude. Le climat lui a enseigné l’art et la sagesse de la patience.
L’hiver est là, et cela n’a pas tant d’importance. Elle boit du café brûlant, porte des manteaux élégants et se pare d’accessoires seyants.
L’été reviendra. Tôt ou tard. Et avec lui, elle goûtera à nouveau au plaisir de se dénuder.