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Val ...
20 février 2020

Je ne sais pas si c’est tout le monde

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J’aime assez Vincent Delerm. Le chanteur compositeur du moins. Je le trouve assez singulier pour être intéressant. Et j’aime son humour, par ailleurs. 

J’étais assez curieuse de regarder son premier long métrage en tant que réalisateur. Sur lequel il a mis sa musique, logiquement. 

Ce film est une sorte de documentaire, quoi que quasiment inclassable tant il est original.

Delerm aura tout misé sur l’esthétique. Il a voulu une forme harmonieuse, des danseurs, des sons, des images élégantes et gracieuses, des photos d’architecture et des chorégraphies d’artistes. 

Mais de quoi ça parle, au juste? Eh bien... de rien! 

Vincent Delerm a sans doute voulu faire un film à son image, et comme il écrit une chanson d’ailleurs. Un film qui ne parle strictement de rien et qui ne va nulle part, sans début ni fin, sans le moindre fil conducteur. 

Chaque plan du film est un morceau de rien, une forme sans fond. À la manière de ses chansons, qui sont des instants de vie quotidienne, des scènes réelles assez insipides auxquelles il donne une importance le temps d’une mélodie. Et je songe soudain à son père qui utilise strictement le même procédé pour écrire. 

Ce film est une sorte de recueils de témoignages sans thème précis. À dessein d’émouvoir sans doute. 

Delerm a eu l’idée assez inédite de passer trois minutes dans un lieu à écouter quelqu’un (parfois célèbre, parfois anonyme), et de partir ailleurs pour renouveler l’expérience encore et encore jusqu’à avoir de quoi monter un film d’une heure. Chacun des différents protagonistes raconte un peu ce qu’il veut à ce qu’il semble. Un morceau de lui, un souvenir, une émotion. 

Delerm a ce défaut de croire qu’un fragment d’une personne - de trois minutes! -  raconte l’individu en son ensemble, et que chacun, en lançant quelques phrases préparées ou non, en dit plus long sur ce qu’il est qu’il n’y parait.   

Comment peut-on avoir foi en un tel raccourci? 

Ce film m’a laissée assez dubitative d’abord. Plutôt incrédule. J’ai eu ensuite le sentiment de m’être fait avoir, en quelque sorte. Et eu envie de crier au scandale : une arnaque! 

Alors, bien sûr, encore une fois, Vincent Delerm se démarque. L’artiste né dans une famille d’artistes, l’intellectuel-timide-bobo-sérieux-pianiste- cinéphile qui a dû se faire un prénom n’a sans doute pas eu le goût de faire dans le

conventionnel pour son premier long métrage. 

Cependant, l’originalité ne fait pas la qualité, loin de là.

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Commentaires
A
Ton billet me fait penser au film de François Damiens, "Mon Ket", qui a la particularité d'être tourné en caméra cachée : les acteurs de métier se confrontent à des inconnus qui sont filmés à leur insu, selon une base de scénario établie à l'avance (mais dont bien sûr les protagonistes piégés n'ont pas connaissance). Cette méthode cinématographique paraît plus honnête que Vincent Delerm, selon ce que tu en dis, car dès lors qu'on se sait observé par un public, la vie et la pensée quotidiennes se trouvent forcément modifiées dans leur expression.
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H
Donne guère envie, soit ! Ce type d'expérimentation pas tellement neuve et qui fait fi de la patience naturelle du spectateur humain est souvent d'un maniérisme artiste proche de l'escroquerie. J'ai, au surplus, la dureté de trouver Delerm - ce que j'en ai entendu - et son père - ce que j'ai lu de lui, des cultureurs plutôt insipides.
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