Manque de câlins
Je fais vite car j’ai encore des choses à faire, mais vous savez bien que j’ai du mal à m’empêcher d’écrire un billet quotidien.
Je peux vous dire un secret ? Vous ne le répétez pas, hein ?
Je vous le dit !
Hier soir, mon homme à moi m’a fait part de son manque de câlin. J’ai cru à une petite envie de tendresse, comme ça, à l’improviste et dans l’instant. En fait, il n’en était rien. Il m’a manifesté plutôt un besoin quotidien de câlins…inassouvi journellement.
Il est en manque, et ça ne date pas d’hier. Mais mon homme à la parole rare. Il parle si peu.. Bien sûr , il parle du travail, de la maison, des enfants… mais il ne dit jamais rien sur ce qu’il éprouve, et encore moins si ses ressentis sont un peu aigres. Il est comme ça.
Hier au soir, je ne sais pas pourquoi, il a tout balancé. Pas fâché, hein ! Plutôt comme… un petit garçon triste qui est désolé de devoir en arriver à un tel aveu. Il manque de câlins depuis des semaines. Des mois ? je ne sais pas !
Il éprouve des carences de caresses. Il a besoin de douceur. Il réclame des cajoleries. Il se remémorait le temps (pas si lointain) ou je lisais mon bouquin dans ses bras, pendant qu’il regardait la télé. On ne se parlait pas, mais on se touchait. Ces frôlements, ces effleurements, ces corps à corps non-érotiques, juste pour la chaleur du corps de l’autre, lui manquent.
Je n’aurais jamais pensé une chose pareille.
Evidement, le soir, quand les enfants sont couchés, je suis au PC, ou je lis, ou les deux…Je n’ai jamais eu de remords car il n’est qu’à quelques mètres, et on échanges des paroles. On se parle de ce qu’on regarde, de ce qu’on lit, de nos journées respectives…
Je pensais que c’était réglo. Je pensais que tant que j’étais présente pour lui, enfin qu’il gardait mon oreille attentive, ça lui allait.
Je pensais que les hommes affectionnaient plus particulièrement une autre façon de se faire des câlins…et que les câlins tendres, il n’y avait que les filles qui les réclamaient.
Tout faux !
Evidement, moi, en matière de câlins, je suis très demandeuse, mais d’une autre manière, qui ne lui convient pas tout à fait, enfin qui ne lui suffit pas. Moi, j’ai souvent envie d’une étreinte dans la minute, et qui ne dure qu’une minute. Une dizaine de fois par jour, je quémande un baiser, une main, un torse chaud, des bras accueillants… mais le temps d’une ballade, d’un baiser, d’un câlin rapide entre deux taches à accomplir.
Pas suffisant, qu’il a dit ! Et puis fade, et convenu, et un peu neutre, et frustrant.
C’est un coureur de fond. Il préfère les étreintes de longue haleine.
Il regrette le temps des nuits collés- serrés, des massages de nuque, des heures de détente dans le canapé.
Il a parlé. Son chagrin l’a sorti de son silence. « C’est pas de ta faute », m’a-t-il rassurée.
En vrai, je n’ai pas soupçonné une minute que cette absence de proximité physique pouvait le contrarier.
Petit homme attendrissant qui revendique un peu plus d’adhérence, comme avant…
Il n’en est pas moins homme. Il m’a émue et chagrinée.
Son discours tourmenté m’a fait de la peine. Moi, à sa place, j’aurais remué ciel et terre, et agité de grandes banderoles pour qu’il m’entende. Lui s’est tût, avant hier soir… depuis combien de temps ça le minait ? Je ne lui ai pas demandé !
Ses paroles m’ont profondément touchée. C’est aussi bouleversant que grisant de savoir que quelqu’un (qu’on aime) est en manque de nous.