Anecdote
Au cours d’une conversation (qui devait tourner autour des hommes, pour changer…) une amie me dit :
- J’ai dit à mon mari que si un jour, par erreur, par égarement, par ânerie il me trompait, je préférerais qu’il ne me le dise pas !
Non, elle n’était pas ivre ! Elle le pensait sincèrement (il fut là, mon problème). Ce n’étaient pas des paroles en l’air, mais la triste vérité sur ce qu’elle en pensait.
Heureusement, elle a éclairci un peu le fond de sa pensée, (juste à temps, car j’allais défaillir.)
- Non, mais attend… bien sûr, si il avait une aventure, si il était amoureux d’une autre, si il vivait une passion, je voudrais le savoir. Par contre, si, un soir, une femme aguicheuse profitait d’un moment de faiblesse et que, par inadvertance, il se laissait captiver, je préférerais qu’il ne me le dise jamais.
- Vraiment ?
- Bien sûr ! Si je le savais, ça détériorerait la bonne entente de notre couple. Je douterais de lui, je deviendrais méfiante. Il ne me le dit pas, c’est fait, c’est fait et basta ! Et toi, Val ?
- Moi, je préférerais qu’il me le dise. Le plus rapidement possible (et si possible avant de passer à l’acte).
- Ah oui ? T’es sûre ?
- Certaine !
- Pourquoi ?
- Ben… pour le quitter, pardi !
Pas la peine de rajouter qu’elle est évidemment la plus sage.
Sauf que la suite m’a profondément gênée, à vrai dire.
- Tu sais, Val, un homme est un homme.
- Qu’est ce que ça veut dire ?
- Un homme ne peut pas lutter contre ce genre d’instinct.
- Tu veux dire qu’il faut pardonner sous prétexte qu’il n’est qu’un homme ? (donc par forcément libre de ses actes).
- C’est un peu ça…
Ça y était ! J’étais à l’agonie ! Elle n’aurait pas dû approfondir ! Encore un mot et il fallait appeler les pompiers.
Autant je peux comprendre (et j’admire, car j’en suis bien incapable) sa sagesse du début, autant ce petit discours (qui en réalité était bien plus long et suggestif) concernant les pulsions de ces messieurs (elle a dit besoins vitaux, aussi) m’a consternée.
Messieurs, c’est la fête ! Vous êtes des hommes ! N’ayez crainte ! Tout vous sera pardonné. Pauvres chéris, on sait bien que c’est pas d’votre faute, hein…
Nous, les femmes, c’est différent. On vous doit fidélité, car de toute manière, on sait aller contre nos pulsions, mais vous… que ça doit être dur d’être gouverné par ses hormones … vous n’êtes au fond que de pauvres victimes…
J’étais en plein rêve (heu, cauchemar). Je me suis dit, après coup, qu’elle avait de la chance d’être amoureuse d’un homme qui savait ce qu’elle pensait mais qui, en douze ans, n’en n’avait jamais profité (enfin, de toute façon elle veut pas le savoir, alors ???).
Attention, je ne suis pas consternée par le fait de pardonner un égarement, hein ! J’suis pas reac’ non plus… D’ailleurs, en situation, qui peut savoir ce que je ferais vraiment ?
Par contre, pardonner parce que « c’est un homme et qu’un homme on lui pardonne car c’est pas sa faute, mais à cause de ses pulsions premières et indomptables (le pauvre !) », alors, là, je mœurs !
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