Tutoyer ou vouvoyer ?
Ça, c’est une question existentielle de la plus haute important, n’est ce pas ?
Une maman (qui a peut-être quinze ans de plus que moi), à qui je parle tous les matins devant l’école, est très surprise que je la vouvoie encore. Elle, elle me tutoie et c’est bien naturel… je suis à peine sortie de l’adolescence ! Mais… moi, malgré ses invitations et remarques amusées, je n’arrive pas à en faire de même.
En vrai, quand je m’adresse à une personne, je n’ai jamais eu à me poser cette question cruciale. Je fais sans réfléchir, comme je le ressens , que ce soit sur les blogs ou dans la réalité. Certains, je vais les tutoyer très vite (et parfois même tout de suite). D’autres, je vais les vouvoyer dans un premier temps, et lorsqu’ils me diront cette phrase cordiale « Tu peux me tutoyer, tu sais », je le ferai avec plaisir, parce que j’avais pensé moi aussi que peut-être… mais que c’est le genre de demande que je ne fais jamais.
Enfin, il y a des personnes que je ne tutoierai jamais, quoi qu’il arrive, et ce n’est pas forcément par désir de marquer une distance entre elles et moi.
Le « vous » impose de la distance, au premier abord. Je me souviens d’une prof pas loin de la retraite qui avait toujours vouvoyé ses élèves, puis, pour être dans l’air du temps, avait décidé de les tutoyer du jour au lendemain, comme ça… Elle y arrivait très bien la plupart du temps, quand tout allait bien. Par contre, si elle était fâchée, vexée, contrariée par un élève, elle le vouvoyait illico. Le naturel revenait au galop. Elle marquait ainsi sa « distance ».
Pour ma part, mon vouvoiement ne va pas forcément de pair avec cette intention de rester suffisamment éloignée de la personne (même si ça peut arriver).
J’ai une petit devise, en général, à ce sujet. Mieux vaut un « vous » respectueux et sincère qu’un « tu » forcé. Tutoyer quelqu’un quand ça nous est pas naturel, juste parce qu’il nous en a donné la permission, ça peut mettre très mal à l’aise. Aussi, parfois, je m’abstiens.
Belle-maman, par exemple… elle n’a jamais été contre le tutoiement. D’ailleurs, mon semblable, le compagnon de sa fille, la tutoie. Moi, je n’y arrive pas. Ça serait contre nature. Ce n’est pas une question d’age. Ce n’est pas une question de statut (je pourrais tutoyer le Papa de chéri. Je ne le fais pas pour éviter qu’on me soupçonne d’avoir une préférence alors que ça n’a rien à voir avec ça). C’est comme ça, ça ne s’explique pas vraiment, enfin, pas par une seule justification. Faudrait creuser…
Par contre (et là, je me rend compte O combien ce choix intuitif est arbitraire) je tutoie ses sœurs, qui ont le même age qu’elle ou presque. C’est venu spontanément. Je ne sais en définir les raisons. Pourtant, j’ai parfois un peu peur que ce soit perçu par elle comme un refus de rapprochement, alors que c’est, je pense, une pudeur pleine de considération.
Attention, ça ne veux pas dire non plus que je n’estime pas les personnes que je tutoie spontanément (encore heureux). Le tutoiement me fait l’effet d’une proximité chaleureuse et fraternelle. J’aime bien tutoyer quand ça me vient instinctivement. Je sens la relation plus « libre ». Cela me rappelle les relations entretenues au sein de la famille, des liens évidents et bienveillants.
Et sur les blogs ?
Sur les blogs, j’ai remarqué que les gens avaient le tutoiement facile. La blogosphère est une grande famille ! J’aime bien cette ambiance ! En général, je suis plutôt à l’aise et je tutoie facilement les gens, ici (bien plus que dans la vie courante).
Quoique…
Pour certains bloggeurs, je ne le peux pas, même si ils m’y invitent. J’ai l’exemple de cette bloggeuse que je vouvoyais (parce que ça m’était naturel) qui m’a écrit un jour « Tu peux me tutoyer. Dans les blogs, tout le monde se tutoie ». Je l’ai fait parce qu’elle me l’avait demandé, mais j’avoue qu’au moment ou je dépose un commentaire chez elle, je dois à chaque fois me concentrer et me faire violence pour ne pas écrire « vous ». C’est comme ça ! Et pourtant, j’adore son univers, je m’y sens bien, comme chez moi… mais elle fait partie de ces gens que j’aime vouvoyer spontanément.
Et elle n’est pas la seule.
Pas de logique ou de règle.
Evidement, si quelqu’un me vouvoie, j’en fait de même.
Malgré tout, c’est pas parce que quelqu’un me tutoie (je trouve ça naturel, que tout le monde me tutoie) que je vais automatiquement le tutoyer en retour.
D’ailleurs, je suis toujours étonnée qu’on me vouvoie ici. Moi, j’aime vouvoyer, mais je suis surprise qu’on me vouvoie. Quelques lecteurs le font. Certains parce qu’ils ne me connaissent pas et donc ne savent pas quelle gamine je suis, d’autres parce qu’ils n’ont probablement pas pour habitude de vouvoyer des inconnus, et d’autres encore parce que le vouvoiement leur paraît plus gracieux à l’écrit, ce qui est vrai.
Qu’importent leurs raisons (ce sont toutes de bonnes raisons) , n’empêche que je suis toujours surprise et amusée quand on me vouvoie sur mon blog.
Et puis, ça n'a rien à voir, mais je vais le mettre là, dans ce dernier billet:
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