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Val ...
27 décembre 2019

Orgueil d’amour

Elle a été surprise une fois, puis deux, puis trois par les messages de cet homme, dont elle ne sait plus rien au juste. Ils étaient amis d’enfance. Et encore, plutôt camarades. Ils se sont retrouvés par hasard dans l’été. Ils ont bu un café en terrasse ensemble, par simple courtoisie. Seulement, depuis, elle reçoit des messages à l’occasion. Un par mois, peut-être. S’ils ne sont pas insistants, ils sont néanmoins très explicites. La revoir, voilà sa demande à lui. N’importe le lieu, mais si possible chez lui. N’importe le jour et l’heure, il se rendra disponible. Et elle sourit de recevoir ainsi des demandes prudentes, sages en apparence mais non dénuées de sens. Elle ne se sent pas réellement importunée. Elle en éprouve même une légère satisfaction. 

Pourtant, immuablement, elle décline poliment ces sollicitations aimables. Elle invoque toujours un rendez-vous, ou des choses à faire. 

Elle suppose qu’elle ne lui répondra jamais favorablement. Cet homme aurait eu mille occasion de l’envisager à l’adolescence. Il ne l’a pas fait. Il est trop tard, à présent. Il n’a pas su anticiper, voir en elle l’individu qu’elle serait plus tard. Il n’a pas mesuré à quel point elle disposait déjà de cette aptitude à évoluer, à s’améliorer, à devenir femme. 

Il est trop tard pour lui. Elle est au dessus à présent. Bien plus haut qu’il ne peut l’atteindre. Il est si commun. Obligeant, mais d’une banalité ennuyante. 

Elle a élu mieux. Elle est exigeante. L’amour n’a pas cette déraison qu’on lui suppose. Les caprices de l’âme, l’élection instinctive, le coup de fondre non fondé, non explicable, ne sont que des légendes pour les sots. 

Elle vaut mieux que cela. Elle est prétentieuse et snob au point de vouloir le meilleur. En amour comme dans les autres domaines. 

Elle en a le droit. D’ailleurs, elle a raison de l’être. Ne pas discriminer sur des critères objectifs, même en amour, revient à ne distinguer personne. Comment se sentir intègre en ayant élu par un coup du hasard plutôt que par exigence et discernement ? 

Pour autant, elle ne le vire pas comme une merde. Ni même poliment d’ailleurs. À aucun moment, elle ne lui a adressé un non ferme et définitif. Elle se joue de ses demandes, qui, au fond, la flattent. 

Elle pourrait même s’avouer qu’elle le garde au cas où elle aurait, un jour, besoin de lui. Sans y voir de mal pourtant. Les rapports humains ne sont-ils pas que manipulations, après tout? L’autre n’est qu’un outil dont on dispose pour son propre confort. 

D’ailleurs, il y en a deux ou trois autres qu’elle n’éconduit que mollement. Elle minaude, elle est fuyante et jamais péremptoire dans ses refus. Elle entretient l’espoir, en quelque sorte. 

Non pas tant parce que l’un de ces hommes pourrait un jour lui servir de pis-aller par dépit ou par besoin de contact humain, que pour « voir » jusqu’où chacun peut aller dans ses audaces, et ainsi mesurer  sa motivation. 

Souvent, c’est assez piètre, mais elle a quelques fois de bonnes surprises qui pourraient, un jour, la faire changer d’avis au sujet de l’un d’eux. 

C’est comme un jeu.

C’est comme disposer d’une épargne en banque. 

Il suffirait d’un jour d’envie de corps pour en appeler un, et il obéirait. « Si je veux, je peux ». Et on se sent toujours fort de posséder de l’argent de côté. Même si on ne l’utilise pas, on est puissant de l’avoir. Comme un filet en cas de chute. 

Et l’homme, stupide, se sentirait satisfait d’avoir enfin obtenu. Il croirait l’avoir acquise , conquise  par ses charmes, l’imbecile! alors qu’il aurait été tout à fait utilisé. 

Et puis, elle sait qu’elle n’a pas achevé son évolution. Elle n’a pas encore franchi cette barrière d’envie de corps. Pour l’heure, elle a besoin d’avoir élu intellectuellement pour désirer. Pourtant, elle sent bien que le plus haut degré d’épanouissement charnel est dans l’utilisation du corps de l’autre comme simple outil. Elle l’a lu chez d’autres et s’en est émerveillée. Seulement, elle n’y parvient pas. Trop d’orgueil, sans doute. Un trop grande estime d’elle-même qui la contraint pour l’heure à une sélection rude. Ou un reste de morale chrétienne, peut-être...

Mais, un jour, sait-on jamais? 

Après tout, l’amour ne vaut quelque chose que pour ce qu’il apporte dans les premiers instants. L’exaltation des débuts, les efforts pour plaire, les sourires et les regards amoureux, l’émerveillement ressenti à la découverte de l’autre, l’enthousiasme de la nouveauté, les ardeurs primaires et envoûtantes... tout ceci n’est l’affaire que de quelques mois. 

L’amour est mensonge. On se montre tel que l’autre nous veut, et lorsque nous reprenons possession de nous-mêmes, il s’estime usurpé alors qu’il a fait de même. 

Bientôt, tout se fane et les couleurs chatoyantes ternissent, l’intérêt est moindre et ne restent que les stigmates des brûlures originelles. 

Pourquoi prendre autant de soin au choix pour une jouissance de si courte durée? 

Par fierté et amour-propre, évidemment. 

Qui, s’il a le choix, n’élirait pas le meilleur produit, même s’il le sait périssable ?

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Commentaires
H
Ce texte est un mensonge absolu : c'est tout à fait faux que je me tiens en embuscade dans le but d'obtenir d'odieuses faveurs sexuelles à force d'insistance ! Je suis outré, calomnié, injurié !... et je te propose, si tu finis par accepter, de venir en discuter chez moi très bientôt !
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K
Si je me valorise parce que je fais mon travail mieux que les autres et que la situation évolue et que je deviens celle qui fait le moins bien son travail est-ce que je vais me dévaloriser ? valorisée - dévalorisée : l'un ne va pas sans l'autre. Une médaille a toujours deux faces opposées. Je préfère l'équanimité.
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K
Bon ! laisse moi réfléchir !!!<br /> <br /> J'avoue ! c'est vrai que tu écris bien ! en tout cas, moi j'aime.
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K
Tant que ce n'est pas pour épater les autres, je suis bien d'accord avec toi. J'ai parlé d'argent et de diplômes mais ça peut s'appliquer à n'importe quoi dans lequel je prendrais ma valorisation par rapport aux autres, réfléchir y compris. En fait je te connais à peine ! alors sois patiente... si tu veux évidemment.
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K
Être quelqu'un ??? être quelqu'un parce que j'ai de l'argent, être quelqu'un parce que j'ai des études, être quelqu'un parce que j'ai une personnalité ? et si je me retrouve sans argent, si je me retrouve avec des gens avec bien plus de diplômes que moi, etc., je tombe de haut, je vais me sentir minuscule et peut être me suicider ! Alors non non ! mieux vaut n'être personne comme au jour de ma naissance ! kéa
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