Fête nationale
Vingt juillet. Fête nationale.
Vingt juillet deux mille sept. Cinq ans plus cinq mois.. de trop !
Je l’imagine, ELLE, ange en enfer. Dieu s’est trompé. Ce tyran a décrété qu’elle devrait se perdre au fond des abîmes Dieu ne s’est toujours pas rendu compte de son erreur, cinq ans après ! L'enfer, pour elle, et pour ses compagnons de malheur, il est sur terre!
Je tente de l’imaginer, belle, fragile, perdue, hagarde, un animal blessé, un petit oiseau sans ailes…Un petit cœur meurtri qui bat tant bien que mal et qui lutte, prisonnier d’une cage hostile, inhospitalière…
Est elle debout par mis les autres âmes égarée ? A t-elle des compagnons de bagne ?
Est elle assise ? Allongée ?
Voit elle le jour, le soleil, le ciel ?
Est-elle bâillonnée ? Ligotée ? Enfermée dans une cave lugubre et humide ? A même le sol en un lieu sordide ?
Est elle battue ? Torturée ? Ignorée ? Nourrie ? Soignée ? En bonne santé ? Tourmentée ?
Ils sont là, eux aussi, les voleurs de vie, les bouchers de la liberté.
Ils sont armés jusqu’aux dents.
En a t-elle peur ?
S’est-elle habituée ?
Les a t-elle quelque peu amadoués ?
On ne s’habitue pas, je suppose, sauf pour se protéger, pour éviter de penser, ressasser, revivre ce jour là, ou elle a sombrée. Se repasser le film de l’instant ou on l’a capturée, se dire qu’il aurait pu en être autrement… si seulement…
Croit elle encore à la quille ? A telle trouvé une béquille ?
Garde t-elle l’espoir de resserrer un jour ses enfants dans ses bras ?
On lui a fait la rage.
On lui a fait le mépris.
On lui a fait l’injustice.
On lui a fait l’indifférence.
Je pense à elle.
A sa détention.
Aux cinq années gâchées, gaspillées, envolées, dilapidées, englouties, violées, perdues à jamais.
Est elle en colère ?
A t-elle encore la force d’éprouver de la haine envers ses bourreaux ?
Est elle fatiguée ?
Eprouvée ?
Essoufflée ?
Abattue ?
Endurcie ?
Inébranlable ?
Affaiblie moralement ?
N’est-elle plus que l’ombre d’elle même ?
Qu’une ombre morte qui erre ?
De quoi manque t-elle ?
De plein de choses, certainement, quelques soient les conditions de sa détention…
Elle manque de vie. Son cœur manque de chaleur
Elle manque de quotidien, elle manque de normalité.
Elle manque tout court, et elle manque à ceux qui l’aiment.
Injustice sans nom.
Au nom de quoi peut on prendre une vie en otage ?
Qui mettra fin à cet enfer, qui n’a que trop duré ? Pas la mort, surtout !
Aime t-elle toujours autant ce pays ?
Elle avait voulu sauver sa patrie. Le retour se fait attendre… cruellement, férocement, atrocement, implacablement !
Est –elle coupée du monde ? A t-elle conscience du temps qui passe, des années qui se sont écoulées depuis ?
A t-elle encore toute sa raison ?
A t-elle un poste de radio, un fichu poste de radio, pour éviter la déconnexion absolue ?
Lui a t’on donné des photos, lâchées du ciel au hasard comme on lâche les cendres d’un défunt ?
Est elle tout simplement encore en vie ?
Par pitié, faite que OUI !!!!