Plus que ça pour toi…
Je n’ai que ça à t’offrir !
Un texte fou, pour unique don. Un contenu boiteux, bizarre, inattendu. Je te fais ce cadeau empoisonné. J’ai rien de mieux à te proposer.
Ses bienfaits sont discutables, mais c’est là la seule faveur que je puisse encore t’accorder. Des mots venimeux en guise de charité. Des mots douteux, abandonnés, perdus, mais bienveillants.
Je t’assure, ils sont bienveillants !
Je tente quand même de te les harmoniser un tant soit peu. Ces phrases bancales et perfides à ma manière remplaceront toute ma bonté. Mes anciennes paroles aussi douces qu’incertaines ont déserté. J’ai gâté ma gentillesse. Mise de coté !
Je peux pourtant t’affirmer que je m’efforce à l’amabilité. Je risque même des convenances. Ces expressions sournoises que je déteste, je te les pose sur mon plateau hostile. Leurs singeries assurent le correct, mais empêchent toute douceur spontanée de s’incorporer. On ne peut pas tout avoir…
J’ai la pensée toute remuée. J’ai la pensée indécise. J’ai la pensée sauvage.
Je suis corrompue. Au diable, l’affabilité ! D’ailleurs, je lui ai vendue. Depuis longtemps il la voulait. Il l’a eue !
J’ai toute puissance, cependant. Maître de mon royaume. Maîtresse ? Non ! Je suis Maître ! Maîtresse, c’est réservé aux dames, aux favorites, aux amantes, aux dulcinées…
Moi, qui, en temps normal, m’évertue à la complaisance, je la met aujourd’hui en danger. Mare des ententes en règle! La tournure des choses ne s’y prête plus depuis longtemps, déjà…
Rien n’est fixe. Rien ne demeure tel qu’il était. Un candide devenu fourbe, ça s’est déjà vu, non ? Suffit d’une simulation pour se substituer soi-même. Et le convenable s’efface. C’est ainsi. Rien ne sert de tenter de le retenir. C’est peine perdue.
L’indulgence est mortelle. Elle fond.
J’ai l’idée agitée, bouleversée. J’ai l’esprit vague. J’ai l’opinion grossière et féroce.
Je ne me reconnais plus.
Je suis dépravée.
Quels démons, la politesse, la convenance, la bienséance, la gentillesse !
Je liquide tout ! Servez vous ! J’en veux plus !
Je cède tout comme, ne voulant plus enfanter, j’ai cédé les affaires des tout petits bébés !
Allez, ne vous gênez pas, prenez-en ! C’est réputé, la politesse ! Vous en aurez toujours besoin ! Moi, j’en ai en surplus. J’en ai à revendre, mais plus tant à donner.
J’ai repris le pouvoir dans un accès de lucidité. Je suis souverain dans mon univers.
Et le pire, c’est que ça ne fait que commencer !
Mauvaise, l’esprit faible, misérable, dure, inhumaine, cruelle, agressive…
S’il le faut, c’est sous ces termes qui tu pourras désormais me retrouver !