Histoire d’avant …
Il faisait toujours six. On était dégoutées. Il faisait six en premier, et ses chevaux, à intervalles réguliers, sortaient. Son cheval sur la case départ, les nôtres à l’écurie, on relativisait en se disant que c’était la chance du…
Il relançait son dé, et son cheval avalait les cases, six pax six. Il avait le choix, lui. Il pouvait avoir une stratégie. Plusieurs chevaux étaient sortis. Il choisissait celui qui devait avancer. Nous, on ne l’avait guère, le choix. Quand déjà un cheval pouvait être bougé, c’était beau ! Dieu que c’était beau !
Quel dilemme, quand à nouveau il faisait six. Sortir un cheval de l’enclos ? Ou faire avancer celui qui allait bientôt rentrer vainqueur ? Parfois il réfléchissait pendant plusieurs minutes, et ça nous agaçait. Qu’on perde, passe ! Mais qu’on perde du temps, par dessus le marché, c’était trop !
Nous, on ne se posait pas cette question. On en sortait un, de cheval ! On s’en fichait. On jouait pas notre vie, nous ! On jouait pour tuer le temps…
Evidement, avec tous ces six, il gagnait souvent. Si on l’avait cru plus malin que nous, on aurait pensé que son dé était pipé. On ne le trouvait pas plus malin que nous !
Lui, évidemment, grisé par ses petites victoires, il voulait toujours jouer.
Alors, comme il gagnait tout le temps, on a fait les malignes, nous aussi…
Malignes, nous avons décrété, un dimanche après midi, que ce jeu n’était qu’un jeu pour les idiots. Il en fut vexé.
Et puis, nous avons joué aux dames, l’une contre l’autre. On refusait qu’il joue, parce qu’il n’y avait de place que pour deux joueurs, vous comprenez ?
Et lui, après ça, chaque dimanche, il a pleuré…
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