Une VALse à trois temps (Ondine)
Val… trois petites lettres, une syllabe, un appel, un envol. Oui, je sais, elle aimerait mieux que je l’appelle Valérie. Trois syllabes alors, musicales, qui rebondissent, ludiques, tendres aussi, déchirées parfois.
Un blogue-café, dans lequel on s’arrête, pour papoter à l’occasion, pour écouter le plus souvent, pour lire surtout, entre les lignes aussi. J’avais poussé la porte dans les premiers temps d’opération et je n’étais pas entièrement convaincue, sans trop avoir cherché à comprendre pourquoi. Puis Valérie est débarquée chez moi un jour, à l’improviste, lors de la fameuse exposition de signatures sonores. Elle était l’invitée de Tilu et avait déposé un commentaire, dans lequel, sans doute par respect, elle me vouvoyait comme si j’avais 90 ans. Je me rappelle combien j’avais souri.
J’ai alors fait de nouveau tinter la clochette de son café et, cette fois – on change en quelques mois, sans nul doute – je m’y suis sentie chez moi. Je me suis presque immédiatement attachée au côté volubile mais jamais superficiel de la maîtresse des lieux, ai craqué pour son effervescence, ai deviné les hésitations qui étaient les siennes. Je me suis revue, quelques petites années en arrière, à gérer le quotidien de très jeunes enfants, et j’ai regretté de ne pas avoir pu ouvrir un tel lieu de connivence à cette époque. Je sais, je n’ai commenté que très rarement – j’ai été l’une de ces vilaines qui se retirent sur la pointe des pieds après avoir terminé son jus ou son thé, en partie parce que j’arrivais toujours en différé, fuseau horaire oblige – mais j’ai lu, j’ai vu, j’ai senti, j’ai ressenti. Les mots, les sourires, les pleurs essuyés, les câlins tout en douceur, les délires, la tendresse des petits bonheurs quotidiens, je les ai happés avec gourmandise, laissé décanter en moi.
Je sais que même si elle ferme la porte de ce café-ci, elle continuera d’écrire, de lire, de s’interroger, de vivre pleinement. Ça me rassure. J’ose espérer qu’un jour, elle se retrouvera sur mon seuil, non seulement virtuel. En attendant, j’emmagasine dans ma mémoire un bon mot de Gaby, le rire cristallin d’Elisa, le regard complice que pose sur elle Manu, sa folie douce, à elle. Merci pour le partage.