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Val ...
28 juillet 2019

Parenthèse

Elle est arrivée la première. Elle préfère. Elle aime que tout soit en ordre, et à sa manière. 

Elle a déposé au frais une bouteille de champagne, quelque collation, et des fruits. 

Ensuite, elle a disposé les coussins sur le lit, à sa guise, puis a entrouvert la petite fenêtre, quelques minutes, comme si l’air frais pouvait alléger l’instant. 

Enfin, elle a refermé la fenêtre et a manié plusieurs fois la poignée du store. Dans les deux sens, comme des essais. Si la pleine clarté semble, pour elle,  entamer quelque chose à l’intimité, la pénombre ne doit pas être trop prononcée non plus. Fragile équilibre, futile mais qui lui importe. 

Et soudain, le bruit de ses pas à lui dans l’escalier la sort de ces considérations pratiques. Son cœur bat fort. Au rythme des foulées qui approchent. 

Elle prend une grande inspiration, comme pour ne pas chavirer de bonheur. Il a gagné le palier, à présent. 

Elle sursaute un peu lorsqu’il frappe à la porte. Et rit d’elle-même d’être surprise d’un bruit attendu. 

Et elle ouvre la porte, le laisse entrer, puis referme immédiatement d’un tour de clé. Il lui dit quelques mots qu’elle n’entend pas. Elle le contemple tandis qu’il ôte sa veste. Il est là. Et elle pourrait pleurer d’amour, en cet instant. Elle est impatiente, mais ne se précipite pas. Elle a tout son temps. 

Il sent l’air frais. À un mètre de distance. Mais elle sait qu’elle trouvera son odeur en s’approchant de lui. 

Elle avance sur lui en souriant, essayant de dissimuler des tremblements d’exaltation. Elle est si près de ce corps, à présent. Il sourit. Et ce sourire lui provoque à elle des bouffées d’infinie tendresse. Alors, elle vient déposer ses mains derrière sa nuque, lui entourant ainsi le visage de ses bras, et laisse aller ses doigts à des caresses molles de cheveux au hasard. Elle avance son visage jusqu’à son cou, à gauche, immuablement. Elle ne se l’explique pas. 

Elle ferme les yeux au moment précis où ses lèvres et le bout de son nez rencontrent cette peau fine du cou, tant espérée. Humer ce cou, le caresser du bout des lèvres, fermer les yeux pour ne pas solliciter plus de sens que le toucher et, surtout, l’odorat. L’aimer de cette manière un peu bestiale, se sentir en territoire connu et en grande confiance seulement après avoir identifié cette odeur si familière. 

Elle est apaisée, après ce rituel. Elle peut ouvrir les yeux, et, libérée de toute retenue, lui offrir ses lèvres à embrasser, et son corps à toucher et à aimer jusqu’à en mourir d’abandon.

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Commentaires
C
L'attente, le frémissement, l'effleurement<br /> <br /> Tout est dit de ces merveilleuses émotions du corps qui précèdent les étreintes...<br /> <br /> C'est le papier de soie, le ruban que l'on défait avec une fébrile impatience...<br /> <br /> •.¸¸.•*`*•.¸¸☆
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B
C'est si beau l'amour.<br /> <br /> Ton texte aussi.
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A
Un très joli texte. Même si toute parenthèse doit se refermer, on ne sent pas l'urgence de l'instant mais plutôt une jouissance calme et apaisée. C'est plaisant à lire.
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P
Chavirer, pleurer, mourir, tu choisis bien tes mots pour décrire un amour. Et puis tous les sens mis à contribution… Un nouveau portrait pudique d'une femme amoureuse qui vient gonfler ta gamme de tableaux délicats. Tu sais, Joe Dassin qui chantait les aquarelles de Marie Laurencin.
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