Le puzzle
Le soir, tard, après le boulot, tu joues au puzzle. Mais il te manque des pièces, n’est-ce pas?
Mentalement, tu imagines le puzzle terminé, te représentant en esprit les pièces manquantes. Seulement, tu n’es pas certaine qu’il soit conforme au vrai. Alors, tu pars en quête. De pièces manquantes. Et il y en a beaucoup. Évidemment.
Logiquement, tu parviens à grappiller quelques éléments flous. Disons des pièces de couleur unie. Le ciel, peut-être ? Les contours, tout au plus.
Rien d’important, naturellement. Rien qui pourrait reconstituer le contenu du tableau.
Mais, que fais-tu ? Que cherches-tu ? Quel agrément trouves-tu à vouloir terminer un puzzle dont tu n’as pas toutes les pièces?
Tu t’égares, sais-tu ? Tu perds un temps infini (n’est-il pas précieux, pour toi, le temps?).
Écoute. Cesse. Mais cesse donc!
Laisse-moi deviner. Tu veux savoir, hein? Ce que représentent les pièces que tu n’as pas?
Peut-être puis-je t’aider? Demande! Mais demande donc! Tu gagnerais ton temps, assurément.
Toutefois, une question me taraude un peu. Pourquoi ? Pourquoi donc? Quelle importance ont pour toi ces pièces manquantes ?
Quel est l’enjeu ? Tu t’ennuies tant? Ou est-ce plus profond que cela?
Qu’as-tu à faire d’un puzzle, après tout? N’as-tu pas d’occupations plus nobles?
Lis donc ! Et écris! Perfectionne-toi, merde! Progresse!
Mais laisse tomber ce puzzle!