Après deux crises
Je n’ai rien écrit. Ni vendredi, ni samedi. Pas plus que je n’ai lu. Même pas une ligne dans un livre. Peut-être quelques textes, ici et là, sur le net. Cela m’a d’ailleurs demandé un effort conséquent.
Je n’ai pas plus fait le ménage. Ou le minimum. Le strict minimum.
Jeudi soir, après une grosse réunion qui m’a demandé de l’énergie et de renoncer à me coucher à mon mon heure habituelle, j’ai senti s’installer une belle aura, qui réunissait presque l’ensemble des symptômes neurologiques qui que je peux éprouver dans ces moments-là. Une grande fatigue, les lourdeurs dans le cou, les bâillements à répétition, les picotements au visage, une faiblesse générale, les yeux qui pleurent, la vue qui se trouble légèrement, quelques acouphènes.
Je suis allée me coucher, avec l’espoir d’une aura « pour rien ». Ça arrive quelques fois. Rarement.
Vendredi matin, au réveil, la crise était là. Anti-inflammatoire. Activités ordinaires du matin. Dès le milieu de matinée, c’était insoutenable. Chambre, obscurité, poche de glace. Un no man’s land dans mon lit. Un temps à part, pour rien. L’inutilité de ma personne. Clouée de douleur. N’arrivant pas à trouver le sommeil pourtant. Pensées qui tournent dans le vide.
Et puis le soulagement en milieu d’après-midi. Après un deuxième comprimé.
Je me croyais libérée. Pour plusieurs jours voire semaines. Mais non. Samedi matin, très tôt, la migraine revenait me réveiller. Une deuxième crise. Le rebond. Un mal foudroyant. Recouchée dans les mêmes conditions que la veille. Incapable de seulement vivre. Un comprimé qui m’a soulagée quelques heures, le temps de faire le taxi pour mes enfants. À midi, un pic terrible. Cette douleur pulsatile qui terrasse. J’ai dormi trois heures, dans le noir et le silence absolu. Des glaçons sur les tempes. L’état de souffrance extrême qui n’est soulagé que par le sommeil, quand il vient.
Je me suis réveillée très mal, vers quinze heures. Vertiges, douleur encore, une certaine confusion, une désorientation, et une irritabilité qui ne m’est pas habituelle.
Comprimé, encore. Anti-inflammatoire. Le paracetamol est tout à fait inutile. Et les médicaments prescrits contre la migraine me provoquent des effets secondaires si handicapants que j’y ai renoncé depuis longtemps.
Il m’a fallu une heure encore pour ... me retrouver un peu. Et retourner faire le taxi pour mes enfants.
Hier soir, après deux crises d’une durée de sept et neuf heures, j’allais presque bien. Je suis sortie, j’avais promis. J’avais froid, j’étais fatiguée, mais je n’avais plus mal. Libérations enfin. Fragile.
Et aujourd’hui, eh bien, je vais mieux, dans le sens où je n’ai plus mal du tout. Je subis juste les effets des anti-inflammatoires sur mon estomac. N’importe !
Je vais mieux, mais pas « bien ». Les crises de migraine me laissent assez molle intellectuellement, comme apathique du cerveau.
Toutefois, je reprends suffisamment mes esprits pour m’interroger. J’ai compris, avec l’expérience de presque trente ans de migraines, que j’étais toujours plus ou moins responsable d’une crise (alors de deux!) dans une certaine mesure : mon alimentation, mon sommeil, quelque stress, mes pensées... ont une grande influence sur mes crises. Elles me rappellent cruellement à l’ordre quand je néglige mon corps.
Aujourd’hui, je ne vais pas sortir du tout. Je ne suis pas au top, moralement. Les migraines m’epuisent non seulement, mais fragilisent également mon humeur.
Je vais tenter d’écrire un texte relativement propre pour le devoir de Lakevio du goût, si j’y parviens, et si possible de lire un peu. J’ai quelques taches à rattraper également. Je serai calme. Je reste toujours un peu étourdie, lente, embuée, et bêtement triste, après ça.