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Val ...
5 novembre 2019

L'écume des jours, Boris Vian

Première chose: je n’ai pas choisi de lire ce livre. C’est pour Gabriel, qui est en classe de seconde, que je l’ai acheté. Mais j’ai toujours lu tous les livres que les enfants étudient en classe. Si un livre est chez moi, je ne peux m’empêcher de le lire. Et j’ai de la chance, cette fois: il n’y en aura qu’un pour le moment, puisque la demoiselle lit un livre que Gabriel a déjà étudié l’an dernier, et puisque j’ai déjà lu le roman que Elisa doit lire pour la rentrée.

Fin de la parenthèse. 

« L’écume des jours » est une sorte de conte qui raconte une histoire d’amour dans un univers de science-fiction ( ou les anguilles sortent des éviers et les souris ont des mains et aident à la préparer es repas). 

Ainsi, Colin rencontre Chloé, en tombe amoureux, et l’épouse. Tout pourrait aller pour le mieux, seulement, rapidement, Chloé tombe malade (d’un nénuphar dans le poumon) et le monde de Colin s’écroule.

Une chose intéressante dans ce roman: la folie qu’a le personnage dénommé Chick, amis de Colin,  pour Jean-Sol Partre, le « célèbre philosophe ». Cette obsession  le pousse à acquérir  tout objet concernant son « idole ». Jusqu’à se ruiner, gaspiller l’argent qui lui a été offert par son ami pour l’aider à épouser la femme qu’il aime, et jusqu’à acheter des manuscrits ou des objets divers ayant appartenu à Partre. Cette obsession lui fera quitter cette femme (ses affaires prenant trop de place, puisqu’il conserve tout de Partre), et se mettre hors la loi en ne payant pas ses impôts, ce qui le tuera. 

Une autre particularité m’a plu: dans cet univers surréaliste, la maison de Colin se rétrécit et déchoit à mesure que l’état de santé de Chloé se dégrade et à mesure que ses ressources financières s’amenuisent. Son univers, son monde s’écroule, et cela devient réel : la maison est moins bien éclairée, les meubles deviennent gras, les pièces rapetissent, les tapis sont de moins bonne qualité. 

Un autre aspect intéressant : la vision du travail. Colin ne travaille pas, et l’idée qu’il se fait du monde du travail est mauvaise. À raison, puisque les personnages qu’il croise et qui ont un emploi sont soit menteurs soit méprisables. Et il y a une certaine impertinence là-dedans. De plus, un chapitre est consacré au travail de Chick, qui est ingénieur. Vian y décrit une absurdité terrible, notamment dans la hiérarchie et les conventions sur le lieu de travail. 

Enfin, la représentation de la mort est intéressante : la mort est comme anecdotique et de peu d’importance. Les gens meurent à la patinoire ou au travail et personne ne s’en émeut. 

J’ai aimé aussi le portrait des membres du clergé, vénales, qui offrent un mariage digne à Colin et Chloé parce qu’ils sont riches et qui bâclent l’enterrement de Chloé parce que Colin est devenu pauvre (jusqu’à lui jeter des pierres pendant la cérémonie et balancer le cercueil par la fenêtre plus que de le descendre par les escaliers). 

J’apprends, en cherchant sur le net, que ce roman fut écrit en trois mois. Ce qui ne me surprend pas. 

Alors quoi? De grandes libertés et beaucoup d’ironie : oui! On invite, dans les mariages, des pederastes d’honneur. Un religieux se charge de déshabiller les petites filles après la messe. C’est assez drôle et impertinent, cela fait sourire volontiers. Quelques allusions grivoises, ce qui n’est pas déplaisant non plus. Une critique de la société.

On ne peut pas nier que Vian fut dénué d’imagination, ni affirmer que c’est tout à fait mauvais, mais enfin, ce n’est pas le genre de roman qui me fait exulter. 

Et je demande pardon: je réussis mieux mes critiques, sans doute, quand j’ai vraiment aimé le livre. 

 

Extrait pris au hasard dans le livre: 

« Dès le premier étage, on commençait à entendre le brouhaha de la réunion chez les parents d’Isis. L’escalier tournait trois fois sur lui-même et amplifiait les sons dans sa cage, comme les ailettes dans le résonateur cylindrique d’un vibraphone. Colin montait, le nez sur les talons de deux filles. De jolis talons renforcés, en nylon chair, des souliers hauts de cuir fin et des chevilles délicates. Puis, les coutures des bas, légèrement froncées, comme de longues chenilles, et les creux articulés de l’attache des genoux. Colin s’arrêta et perdit deux marches. Il repartit. Maintenant il voyait le haut des bas de celle de gauche, la double épaisseur des mailles et la blancheur ombrée de la cuisse. La jupe de l’autre, à plis plats, ne permettait pas le même divertissement mais, sous le manteau de castor, ses hanches tournaient plus rond que celles de la première, formant un petit pli cassé alternatif. » 

 

À venir: (ordre non défini). 

« Les fortune des Norsmith », Henry War

« La fenêtre panoramique », Richard Yates

« L’œuvre », Zola

« Laïcité et religion », Michel Onfray

« Bouvard et Pécuchet », Flaubert

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Commentaires
B
Yates, Zola, Onfray, Flaubert : que des joyeux drilles !
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H
Pas trop fort, cette critique : des résumés de séquences et d'idées, des fragments d'éloges et de blâmes peu approfondis... Il faut que tu mettes le doigt exactement sur le défaut comme sur une plaie pour comprendre le mal. Je n'ai lu que cela de Vian, ainsi que son fameux poème, "Le déserteur", et je m'interroge si cet homme n'est pas coupable, au fond, avec d'autres, d'avoir fait entrer la littérature dans le domaine du pur divertissement et de la complaisance.
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B
Je l'ai lu quand j'étais ado ! Il m'avait beaucoup marqué, peut être ce côté fantastique ?!
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P
Bien, tant mieux s'il aime, vous pouvez, le cas échéant, échanger autour de ce livre. Gabriel ne doit pas avoir tant de camarades qui puissent avoir la même opportunité (même si la possibilité est ouverte à tous de le faire).<br /> <br /> J'ai commencé le tome II des Norsmith (ne dévoile pas trop vite l'intrigue dans ta prochaine critique) Ou plutôt, si, fais comme tu veux, j'en zapperai la lecture en attendant et j'y reviendrai ensuite. Fais comme tu sens, c'est mieux.
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P
Écrit en trois mois ! Le nouveau prix Goncourt a été écrit en un mois (pour faire la course avec Boris Vian aurait un jour écrit ou déclaré l'auteur), pas sûr que cela te réconcilie avec les prix littéraires.<br /> <br /> Quand j'avais l'âge de ton fiston, on n'étudiait pas Boris Vian, mais il était très lu en dehors des cours, je crois que ce titre-là m'avait échappé.<br /> <br /> Gabriel adhère-t-il un peu ?
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