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Val ...
12 avril 2020

Las Vegas Parano (Hunter S. Thompson)

Années soixante-dix. Duke, journaliste, et son avocat Dr Gonzo, partent tous les deux pour Las Vegas dans une décapotable de location. La bagnole est remplie d’alcool, de drogues et d’éther. Pour le voyage. 

Les voici à Las Vegas pour couvrir la Mint 400, une course de motos dans le désert. Entre deux bières chaudes et la gueule de bois. 

Les voilà ensuite, ironie du sort, après avoir dévalisé un premier hôtel, voulu se tirer et puis finalement revenus, à couvrir une conférence, emplie de flics et de procureurs, sur les dangers des drogues. 

Ils prennent de tout: cocaine, alcool, éther, amphétamines, poppers. C’est une orgie de drogues et l’apologie d’un « rien à foutre » incroyable. On est sans cesse à la limite d’être attrapé par la police ou de se faire tuer. 

C’est du grand n’importe quoi. Des hallucinations, de la violence pure, de la gerbe au sol dans la chambre d’hôtel, un flingue chargé, de l’autodestruction, une sorte de monde parallèle, irréel, incohérent, perçu par deux drogués. Une démence et une démesure. Sans sommeil. 

C’est un peu drôle, parfois. Les deux cons defoncés rient aux dépens de gens crédules et naïfs, et ça porte à sourire. Et puis c’est grisant dans le sens où c’est un pied de nez au danger. Comme un énorme dédain de la préservation de sa propre existence. 

Ce n’est pas très bien écrit, mais écrit dans une sorte d’urgence, une frénésie de faits qui s’enchaînent à toute vitesse. Ce qui tient le lecteur haletant, dans une certaine tension, avec des palpitations presque. 

Ça ne raconte rien au juste. Le voyage et les événements à couvrir ne sont que des prétextes à décrire une orgie, à expliquer les effets galvanisant et puissants des drogues - mais aussi la connerie et la paranoïa qu’elles provoquent -. 

C’est, je dirais, un livre pour hommes. Des hommes qui confondent vitalité et grande liberté, avec la débilité de faire n’importe. N’étant pas bien concernée, ce roman m’a causé quelque impatience et ennui parfois. Je l’ai lu comme une grande répétition de divagations, de délires déments, de confusions mentales. 

J’en suis venue à bout surtout par cette discipline que je m’impose: terminer un livre avec l’espoir de, pourquoi pas, trouver au moins une page remarquable. 

Je n’y ai rien trouvé d’admirable. 

Malgré cela, j’ai tout de même appris quelque chose. Les deux compères s’alimentent de pamplemousses, et cela m’a assez intriguée. Pourquoi donc? J’ai trouvé en trois clics. J’ignorais que le pamplemousse associé à certains médicaments ( anxiolytiques, antipsychotiques), bloque l’absorption de la substance. Du fait le médicament pénètre dans l’organisme sans être transformé, ce qui provoque des surdoses. 

Ce roman, pour autant pas désagréable, m’a fait l’effet d’un programme de divertissement que l’on regarde à la télévision. On sait que l’on perd son temps mais on se laisse prendre, absorbé, happé par ce que l’on voit. On sait que ça ne vaut pas grand chose, et pourtant on veut quand même savoir comment cela va finir. 

Voilà comment il faut le lire: comme une distraction, qui n’apportera rien au juste si ce n’est un grand dépaysement, parce ce qu’il raconte ce que l’on ne fera probablement jamais.

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Commentaires
H
Mais oui, c'est tout à fait ça : un délire n'importqu'esque assez envolé et psychédélique. plutôt mâle, peut-être, mais non pas parce que les hommes ont le goût du superficiel, à mon avis : plutôt parce que les femmes ont le dégoût et la crainte de la déstruction, ce dont je parle dans un article en cours sur Feydeau, raison pourquoi les femmes ne lisent guère Rabelais ou Jarry. Ton ton ici est plus impliqué, moins distancié, je veux dire critique d'une façon qui ne redoute pas de "dire son fait".
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A
Une blague maladroite : comme j'ai souvent fait allusion à ton caractère de femme "névrosée", j'aurais pu saisir l'occasion pour te contredire ta dernière affirmation : cette "démence" serait-elle donc vraiment pour toi un si grand dépaysement...?
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A
Curieux qu'il puisse exister des livres d'hommes et des livres de femmes. Ce serait une théorie intéressante à développer ! <br /> <br /> (Tu remarqueras que je ne fais aucun commentaire sur ton potentiel de névrose !)
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