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Val ...
25 avril 2020

Le Dindon (Georges Feydeau)

Je lis peu de théâtre. Une pièce par an, guère plus. Et je me suis promis d’en lire plus, moi qui aime jouer au théâtre, en amatrice et pour rire, je me dois d’en lire afin de savoir juger de l’efficacité d’une pièce. Entre autres, car ce n’est pas la raison première de cette résolution. C’est que dans mes lectures, j’ai trop négligé le théâtre, tout comme la poésie et les essais d’ailleurs, au profit de romans. Et qu’à présent je réalise que j’ai eu tort, dans le sens où la littérature ne se limite pas au roman. 

Cette pièce se déroule en trois actes. Dans trois lieux différents, où une quinzaine de personnages (couples, valets et bonnes) sont confinés. 

L’histoire est simple - et trop complexe à la fois pour un résumé exhaustif - : les Vatelin sont mariés et s’aiment. Redillon, ami de Vatelin, courtise sa femme depuis longtemps. Pontagnac, coureur des jupons, suit Lucienne Vatelin jusqu’à chez elle et découvre qu’elle est l’épouse de Vatelin, son ami. Lucienne se fait la promesse de tromper son mari par vengeance si, un jour, il la trompe. Tout s’emballe avec l’arrivée de la maîtresse que Vatelin a eue lors d’un voyage en Angleterre. Reste à savoir qui, dans ces histories de coucheries entremêlées, sera le dindon. 

Cette pièce réunit tous les critères du Vaudeville. Elle met en scène bourgeois et serviteurs sans talents, dont les actions sont peu conséquentes (adultère, désir de vengeance d’une femme trompée, etc). 

Les personnages sont piètres, sans grand intérêt, et sans aucune profondeur. Ils sont simplement placés là  pour l’intérêt des rebondissements, et parce qu’ils sont pris dans une spirale de quiproquos et d’accidents qui se résolvent presque par eux-mêmes, ce qui évite l’intervention d’un quelconque héros et qui exclut toute morale à tirer de l’histoire. À la fin, les choses reviennent à la normale, sans intervention morale ni héroïque, comme il se doit dans le Vaideville. 

C’est donc sur ces critères que doit être jugée cette pièce. Est-elle un bon vaudeville ? Si le genre est souvent considéré comme un art mineur, facile, léger, aux situations improbables et aux blagues potaches et répétitives, peut-il y avoir de bons, et même d’excellents Vaudeville ? 

C’est drôle. Vraiment drôle. D’une ironie très fine pour un Vaudeville. De bons mots d’esprit et d’excellents jeux de mots, vraiment. Qui m’ont fait souvent sourire. Tout comme les allusions grivoises, qui sont placées là avec une habileté fine.

C’est très rythmé, vivant, dynamique. Écrit dans une sorte d’énergie vive. Les quiproquos s’enchaînent à bon rythme, ce qui est plaisant et ne laisse place à aucune impatience ou impression de longueur inutile. 

Il semble d’ailleurs qu’aucune réplique ne soit écrite pour rien. Chaque intervention à but, de transition ou d’enchaînement, mais absolument rien paraît ne pas servir le déroulement logique de l’intrigue. 

Alors, évidemment, on ne trouve aucune philosophie là-dedans, ni rien de sérieux. Tout n’est que légèreté et divertissement. Les situations sont absurdes, bien sûr. 

Cependant, savoir faire rire avec talent est un art. Et dans cette pièce, c’est plutôt réussi.

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Commentaires
J
Bonjour Val, <br /> <br /> je lis du théâtre, avec une préférence pour les classiques et les pièces en vers. J'aime assez, et je tente même d'en écrire...petitement !<br /> <br /> Le répertoire est d'ailleurs vite épuisé, mais j'ai pas encore essayé les vaudevilles...tiens. <br /> <br /> Quoique, Shakespeare dont les anglo-saxons font grand cas ne vaut guère mieux.<br /> <br /> <br /> <br /> Si tu en manquais, il y a là quelques pièces notables :<br /> <br /> http://chansongrise.canalblog.com/archives/00_bibliotheque/index.html<br /> <br /> <br /> <br /> JC
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A
Feydeau était quand même un maître dans son genre.<br /> <br /> Mais lire une de ses pièces ? Ça ne me viendrait pas à l'idée.<br /> <br /> Ce genre de théâtre il faut vraiment le voir en scène. Bien entendu il y a la qualité du texte, mais la réussite des effets comiques dépend tellement du talent des acteurs et de l'inventivité du metteur en scène.<br /> <br /> Il faut une mécanique millimétrée et une bonne santé des acteurs !<br /> <br /> J'ai vu le dindon deux fois. On ne s'en lasse pas. Et, comme tu dis l'histoire est tellement complexe et farfelue qu'on oublie des passages d'une fois sur l'autre.<br /> <br /> (Est-ce que ça n'est pas repassé il y a peu à la TV ?)<br /> <br /> La pièce est-elle bonne ? Il me semble que ça dépend du degré d'hilarité du public…<br /> <br /> Rire à des situations à la fois simples et complètement absurdes et farfelues… quelle détente !<br /> <br /> Ça change du comique intello de Gôôôôche !!
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H
Ah ! tu expédies un peu, je trouve, bien que tes commentaires soient vrais - à l'exception peut-être des personnages que tu juges durement inconsistants. Il y a une essence de vivacité et d'impudeur dans ce Feydeau qui m'impressionne, comme je l'écris dans ma propre critique. Tu restes peut-être un peu attachée à l'idée du vaudeville comme genre mineur, tandis qu'on a tant vanté notamment le théâtre romantique, si superficiel mais flatteur, comme un sommet de profondeur.
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